Bienvenue dans le Module 3 intitulé « Communication dans les cas de violences intrafamiliales« . Ce module approfondira les aspects cruciaux de la communication dans les situations de violence domestique. Comprendre les complexités inhérentes à la révélation de la violence, utiliser des stratégies de communication efficaces et développer des réponses appropriées sont essentiels pour proposer une assistance efficace et complète aux patients touchés par la violence domestique.
Les professionnels de la santé trouveront dans ce module des informations spécialisées sur la communication et la manière de mieux soutenir les victimes, en particulier dans les domaines de la gynécologie-obstétrique, des urgences (chirurgie), de la pédiatrie et de l’odontologie.
Objectifs pédagogiques
+ Identifier les obstacles dans le système de santé qui peuvent dissuader les individus de divulguer les situations de violence domestique.
+ Maîtriser la mise en œuvre de stratégies de communication adaptées aux défis spécifiques posés par les cas de violence domestique.
+ Savoir utiliser des questions de dépistage pour identifier les situations de violence domestique.
+ Réagir de manière appropriée et empathique aux révélations de violence domestique, afin que les victimes se sentent soutenues et comprises.
+ Maîtriser l’utilisation de méthodes de communication visuelle pour améliorer l’interaction dans les cas de violence domestique.
+ Connaître les démarches à engager lorsque les patients révèlent des actes de violence.
1. Obstacles à la divulgation de la violence subie
Les personnes victimes de violence domestique peuvent être confrontées à divers problèmes qui les empêchent de parler ouvertement de leur situation.
Veuillez cliquer sur les croix situées sous chaque terme de l’illustration pour obtenir de plus amples informations sur certains obstacles courants :
A retenir :Les victimes de violence domestique proviennent de tous les horizons sociaux, culturels, économiques et religieux, avec des différences d’âge, de sexe et d’orientation sexuelle, y compris des personnes handicapées. La violence domestique touche des individus de tous les niveaux socio-économiques et éducatifs. Il est crucial de comprendre qu’il n’existe pas de « victime type ». Bien que de nombreux exemples montrent souvent une femme victime dans des relations hétérosexuelles, il ne faut pas s’y tromper: les victimes peuvent être des hommes, des enfants, des personnes handicapées ou non binaires. Les agresseurs peuvent également être de tout sexe. Pour plus d’informations sur les agresseurs, consultez le Module 1. La violence domestique peut se produire entre partenaires, couples de même sexe, parents et enfants, frères et sœurs, oncles, tantes, cousins, grands-parents ou même colocataires.
2. Stratégies de communication
Pour encourager une communication respectueuse et ouverte portant sur la violence subie, il est impératif de garantir aux victimes un espace privé sans la présence d’accompagnateurs (partenaire, enfants, autres membres de la famille ou soignants non familiaux). Cela permet au patient de s’exprimer librement et en toute sérénité. De manière générale, il est bénéfique d’utiliser des déclarations à la première personne du singulier. Ces déclarations peuvent être employées spécifiquement pour traiter les doutes ou les hésitations d’une victime durant la consultation ou lorsque le temps imparti à celle-ci est limité.
“Ne jamais supposer mais toujours demander!”
Collège royal australien des médecins généralistes (RACGP)1
Veuillez cliquer sur les croix situées sous chaque terme de l’illustration pour obtenir de plus amples informations :
Comment garantir la possibilité de voir un patient seul ?
Les auteurs de VIF accompagnent généralement leurs victimes à l’hôpital ou chez le médecin afin de prévenir toute situation où la victime pourrait se retrouver seule avec le professionnel de santé. Le défi est d’assurer que le patient puisse être vu seul sans provoquer la colère de l’agresseur ni augmenter le risque de violence domestique ultérieure.
Voici quelques suggestions pour y parvenir :
Inviter la personne accompagnant le patient à remplir des documents supplémentaires.
Expliquer à la personne accompagnante, par exemple, aux urgences, que des examens radiologiques sont nécessaires avec un risque accru d’exposition aux rayons X, et que pour des raisons de sécurité, elle ne peut pas entrer dans la salle d’examen.
Informer que la politique de l’hôpital interdit l’accompagnement du patient pendant l’examen.
La vidéo suivante illustre bien ces aspects de la communication (vidéo uniquement disponible en anglais) :
Indices donnés par le patient et écoute empathique
“Les patients laissent souvent transparaître des indices (commentaires directs ou indirects sur des aspects personnels de leur vie ou sur leurs émotions) au cours de leurs échanges avec leur médecin. Ces indices représentent des opportunités pour les médecins de démontrer compréhension et empathie, renforçant ainsi l’alliance thérapeutique au cœur des soins cliniques.”2
“L’écoute empathique requiert la capacité de reconnaître ces indices que les patients offrent. Il y a des moments propices pour répondre verbalement à leurs partages, tels qu’une diminution de l’intensité émotionnelle, un profond soupir ou un changement dans le sujet de la conversation. À ces moments, il est naturel de répondre à leur message tout en prenant soin de leurs besoins médicaux. L’expression verbale peut être précieuse pour transmettre de l’empathie lorsque vous souhaitez obtenir plus de détails ou d’explications de la part du patient, ou lorsque vous percevez le besoin du patient de sentir que vous l’écoutez et le comprenez.”3
(Vidéo uniquement disponible en anglais)
Comment puis-je utiliser le langage corporel pour montrer immédiatement mon empathie?4
– S’asseoir à côté ou près du patient – Se pencher dans sa direction – Maintenir le contact visuel – Veiller à ne pas croiser les bras – Ne pas se concentrer uniquement sur son clavier ou un écran d’ordinateur en tournant le dos au patient – Reprendre ou résumer régulièrement les propos du patient
– Interrompre ou terminer les phrases du patient – Mettre en doute les sentiments du patient – Parler avec un ton condescendant – Décrire ce que le patient devrait penser ou ressentir – Manque de prise en compte des émotions du patient en changeant de sujet et en posant des questions d’ordre médical.
Etude de cas : Révélation d’un cas de violence domestique lors d’une consultation chez le médecin
M. Thompson, un veuf de 80 ans, a consulté le Dr Miller pour de l’anxiété et des signes de dépression.
Dr Miller : Bonjour, M. Thompson. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
M. Thompson : Oh, vous savez, juste les douleurs habituelles en raison de mon âge. Rien de grave.
Dr Miller : Je comprends. Mais je suis ici pour vous aider à résoudre vos problèmes. Y a-t-il quelque chose qui vous préoccupe et que vous aimeriez aborder ?
M. Thompson : Eh bien, docteur, ce n’est pas seulement physique. Je me sens déprimé et épuisé ces derniers temps.
Dr Miller : Merci de me dire vraiment ce qui se passe, M. Thompson. Parlons de tout ce qui pourrait vous tracasser. Outre les douleurs physiques, avez-vous remarqué des changements dans votre vie ou vos relations qui pourraient influencer votre bien-être ?
M. Thompson : (hésitant) Ce n’est pas facile à dire. Mais c’est à cause de Jessica, mon aide-soignante. Les choses ne vont pas très bien.
Dr Miller : Ce n’est pas simple, il faut du courage pour parler de situations difficiles. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce qui se passe ?
M. Thompson : Elle se met souvent en colère, et ses paroles sont blessantes. J’ai l’impression de devoir faire attention à chaque mot que je dis, vous comprenez ?
Dr Miller : Je suis désolé d’apprendre cela, M. Thompson. Cela semble être une situation difficile à gérer. Comment cette situation vous affecte-t-elle ?
M. Thompson : (avec prudence) Cela perturbe mon sommeil et mon humeur. Je me sens pris au piège chez moi.
Dr Miller : Je vous remercie de me parler de tout cela.
M. Thompson : Je veux juste que ça s’arrête, docteur. Cela a un impact sur ma santé, à la fois physique et mentale.
Dr Miller : Je vous écoute et je suis là pour vous aider. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions à ces préoccupations. Si vous êtes d’accord, nous pourrions envisager de faire appel à d’autres personnes pour vous soutenir.
M. Thompson : Merci, docteur. I… Je ne savais pas si je devais dire quelque chose. C’est difficile. Je ne savais pas vers qui me tourner.
Dr Miller : Vous n’êtes pas seul dans cette situation, M. Thompson. Nous aalons prendre les mesures nécessaires pour assurer votre sécurité et votre bien-être, et faire appel aux bonnes personnes pour vous accompagner dans cette situation difficile.
Pistes de réflexion
(1) Analysez l’importance de la confiance établie dans ce cas précis. Comment le Dr Miller a-t-il réussi à instaurer la confiance avec M. Thompson malgré le caractère sensible de la situation ? Pensez aux stratégies efficaces pour bâtir la confiance dans des contextes difficiles et vulnérables. (2) Identifiez les signes spécifiques que M. Thompson a révélés pendant la consultation, suggérant un potentiel de violence domestique. Comment le Dr Miller a-t-il discerné et interprété ces signes ?
(Vidéo uniquement disponible en anglais) NB : Même s’il s’agit d’une vidéo américaine, la situation est la même en Europe. Pour plus d’information, reportez-vous au Module 2 et au chapitre Les impacts des Violences Intrafamiliales.
“Les soins primaires orientés vers la prise en compte des traumatismes antérieurs peuvent métamorphoser l’expérience des professionnels de santé, en les faisant passer du simple rôle de soignants à celui de guérisseurs.”
Eddy Machtinger, MD, Director of Women’s HIV Program, UCSF
“Les soins tenant compte des traumatismes permettent de passer de la question « Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? » à la question « Qu’est-ce qui vous est arrivé précedemment ? ». Une approche des soins tenant compte des traumatismes reconnaît que les organisations médicales et les équipes de soignants doivent avoir une vue d’ensemble de la situation de vie d’un patient – passée et présente – afin de fournir des soins efficaces dans une optique de guérison. L’adoption de pratiques tenant compte des traumatismes peut potentiellement améliorer l’engagement des patients, l’observance des traitements et les résultats en matière de santé, ainsi que le bien-être des prestataires et du personnel. »6
Comprendre l’impact global des traumatismes pour envisager les solutions de guérison ;
Reconnaître les signes et les symptômes de traumatisme chez les patients, les familles et le personnel ;
Intégrer les connaissances sur les traumatismes dans les politiques, les procédures et les pratiques ; et
Éviter activement de provoquer un autre traumatisme chezles patients et les membres du personnel.
Découvrez d’autres vidéos sur les avantages des soins sensibles aux traumatismes.
3.2. Soins centrés sur le patient
Les soins centrés sur le patient et la famille favorisent un partenariat actif et une prise de décision conjointe entre les patients, les familles et les professionnels de santé afin de mettre en place et de superviser un plan de soins adapté et complet. Plusieurs éléments clés, communs à la plupart des définitions des soins centrés sur le patient, influencent la conception, la gestion et la prestation des services de santé :8
Des soins collaboratifs, bien coordonnés et facilement accessibles, garantissant que les bons soins sont dispensés au bon moment et au bon endroit.
L’information est partagée en intégralité et en temps opportun afin que les patients et les membres de leur famille puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause.
Les objectifs du patient doivent être pris en compte dans la mise en oeuvre du plan de soins de santé, plutôt que de supposer ou de prescrire ce que les objectifs devraient être (ce qui est conforme aux soins sensibles aux traumatismes).”9
L’état de santé actuel et passé du patient, ainsi que les informations pertinentes affectant la santé, y compris les traumatismes, doivent être pris en compte dans la planification et la prestation des soins.10
Un patient doit pouvoir obtenir des soins de qualité au moment où il en a besoin et de la manière dont il en a besoin, et pas seulement dans le cadre d’un modèle de soins unique.11
3.3. Soins de santé d’affirmation de genre
« De nombreuses personnes transgenres et diversifiées (TGD) modifient leur nom, leurs pronoms (il/elle) et leur apparence physique pour affirmer leur identité de genre. Il n’est pas possible de connaître l’identité de genre d’une personne sur la base de son nom, de son apparence ou du son de sa voix. L’utilisation d’un nom, d’un pronom ou d’un genre erroné peut être source d’embarras et d’humiliation pour n’importe qui, et pas seulement pour les personnes TGD. Les hommes à la voix aiguë sont souvent appelés « madame » au téléphone. Les femmes aux cheveux courts sont souvent appelées « monsieur ». Pour les personnes TGD, ce genre d’erreur de genre est courant et peut être très pénible. »12
Instaurer une expérience respectueuse de l’égalité des sexes commence par une communication adéquate. Utilisez ces bonnes pratiques comme référence pour assurer des interactions respectueuses et appropriées avec les patients :13
Bonnes pratiques
Exemples
Lorsque vous vous adressez à un patient, évitez d’utiliser des termes genrés tels que « monsieur » ou « madame »
« Comment puis-je vous aider aujourd’hui ?”
Lorsque vous parlez des patients, évitez d’utiliser des pronoms ou d’autres termes spécifiques au genre. Si vous connaissez le nom utilisé par le patient, utilisez-le à la place des pronoms.
« Votre patient se trouve dans la salle d’attente. « Max est ici pour un rendez-vous à 15 heures.”
Demandez poliment si vous n’êtes pas sûr du nom du patient ou des pronoms utilisés.
« Quel est votre nom et quels sont vos pronoms? “ « J’aimerais ne pas commettre d’impair Comment voulez-vous que l’on s’adresse à vous ? »
Posez des questions respectueuses sur les noms lorsqu’ils ne correspondent pas à ceux qui figurent dans vos dossiers.
“Could your chart be under another name?” “What is the name on your insurance ?”
Si vous utilisez le mauvais pronom, excusez-vous poliment.
« Je m’excuse d’avoir utilisé le mauvais pronom. Je ne voulais pas vous manquer de respect. »
Ne demandez que les informations en lien avec les soins à prodiguer.
Posez-vous la question: Que sais-je ? Qu’ai-je besoin de savoir ? Comment puis-je poser la question sans heurter la personne ?
Vous pouvez consulter le glossaire sur les soins médicaux d’affirmation de genre ici :www.pflag.org/glossary/
Étude de cas : Révélation d’un cas de violence domestique par une femme transgenre dans un cabinet médical
Voici un exemple d’interaction positive entre un patient et un professionnel de santé. Il s’agit d’un dialogue entre Claire, une femme transgenre, et Danielle, une secrétaire médicale.
Danielle : Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
Claire : Bonjour! J’ai un rendez-vous avec le docteur Brown à 14h30.
Danielle : Votre nom, s’il vous plaît ?
Claire : Claire Brooks.
Danielle : Je suis désolée, mais votre nom n’apparaît pas dans la liste. Votre rendez-vous pourrait-il être sous un autre nom ?
Claire : Oh oui. J’ai récemment changé mon nom: je m’appelais Laurent et maintenant je suis Claire.
Danielle : D’accord, je vois ici que le rendez-vous est sous le nom de Laurent Brooks. Je suis désolée pour cette erreur. Je vais immédiatement mettre à jour notre système d’enregistrement et corriger votre nom.
Juste pour être sûr que nous utilisons les bons dossiers, pourriez-vous me donner votre date de naissance ?
Claire : Le 12 novembre 1987.
Danielle : Très bien. Avez-vous changé de nom pour votre dossier d’ assurance ?
Claire : Non, je n’ai pas changé de nom.
Danielle : D’accord, merci. Pour votre information, je ne peux pas changer le nom concernant votre assurance à votre place. Cependant, nous avons ici un gestionnaire qui aide les gens à s’assurer et à répondre à leurs besoins juridiques. Voulez-vous que je vous mette en contact avec elle ?
Claire : Oh oui, ce serait formidable. Je vous remercie.
Danielle : Bien sûr.
Piste de réflexion (1) Dans ce scénario, Danielle utilise plusieurs stratégies de communication avec Claire. Pouvez-vous les identifier ?
Etude de cas et exercice de réflexion tirés de : National LGBTQIA+ Health Education Centre, « Affirmative Services for Transgender and Gender-Diverse People – Meilleures pratiques pour le personnel d’accueil des centres médicaux, 2020, p. 7.
4. Questions de dépistage des violences intrafamiliales
Il est primordial de s’enquérir de la violence domestique par le biais de questions de dépistage tout en évitant d’exacerber le risque de préjudice pour les victimes et leurs enfants. Le processus de dépistage doit débuter par une déclaration de cadrage visant à introduire et à normaliser les questions. »14
Barrières linguistiques et culturelles : En cas de difficultés linguistiques, il convient de tout mettre en œuvre pour que le dépistage se déroule dans la langue préférée de la victime, en tenant compte des barrières culturelles durant ce processus.
Questions comportementales : Poser des questions relatives au comportement qui sollicitent des descriptions de comportements plutôt que de se concentrer uniquement sur l’impact ou la signification des comportements.
Présentation des questions : Présentez les questions de manière calme et pragmatique. Si les réponses ne sont pas claires, demandez brièvement des éclaircissements en posant des questions supplémentaires.
Expression de gratitude : Exprimez toujours votre gratitude pour les informations fournies.15
A retenir : Il est essentiel d’explorer différentes approches pour déterminer celle qui convient le mieux, reconnaissant que chaque patient peut réagir différemment aux diverses méthodes employées.
Commencez par poser des questions d’ordre général
Utilisez des déclarations introductives pour aborder le sujet de la violence avant de poser des questions directes. Les questions ouvertes doivent être formulées pour encourager la victime à s’exprimer plutôt que de répondre par oui ou non. Évitez les questions qui pourraient impliquer une responsabilité de la victime.
Ce qu’il faut dire
« Pouvez-vous me décrire comment se déroule la vie à la maison ? »
« Comment qualifieriez-vous votre relation avec votre partenaire ? »
« Je sais que de nombreuses personnes rencontrent des problèmes de violence avec leur partenaire, d’autres membres de leur famille ou une autre personne vivant sous le même toit. Est-ce que cela pourrait être votre cas ? »
Aménagez un moment de silence, permettant à l’individu de rassembler ses pensées. Faites preuve de patience et agissez avec calme. Montrez que vous écoutez attentivement, que ce soit par des hochements de tête ou des acquiescements verbaux tels que « hmm… ». Validez les émotions et encouragez la victime à partager son histoire à un rythme qui lui convient.
Ce qu’il faut dire
« Parce que la violence est malheureusement si répandue dans notre société, j’ai commencé à poser des questions à tous mes patients à ce sujet.”17
« Je vais vous poser une question que je pose à tous mes patients.”
« Parce que la violence domestique a tant d’effets sur la santé, j’interroge désormais tous mes patients à ce sujet.”18
Plus d’exemples
« D’après mon expérience avec d’autres patients, je crains que certains de vos problèmes médicaux ne soient liés à la violence exercée par une personne à votre égard. Est-ce que c’est le cas ?”19
“Je ne sais pas si cela pose un problème pour vous, mais beaucoup de personnes sont confrontées à des relations abusives. Certaines ont trop peur ou sont trop mal à l’aise pour en parler elles-mêmes, donc j’ai commencé à poser la question de manière tout à fait anodine.”20
“La violence touche de nombreuses familles. La violence à la maison peut entraîner des problèmes physiques et émotionnels pour vous et votre enfant. Nous offrons des services à toute personne pouvant être concernée par la violence chez elle.“21
Ce qu’il ne faut pas dire
“Je vous pose des questions sur la violence parce que seules les femmes en sont victimes.”
Posez des questions directes
Voici quelques questions simples et directes que vous pouvez commencer à poser. Elles montrent que vous voulez entendre parler de ses problèmes. En fonction de ses réponses, continuez à poser des questions et écoutez son histoire. Si la réponse à l’une de ces questions est « oui », proposez votre soutien. Ne dites pas à la victime que ce n’est pas si grave ou ne minimisez pas la douleur.
Ce qu’il faut dire
“Ressentez-vous parfois de la peur chez vous ou dans votre relation ?”
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison vous a-t-il déjà menacé de vous faire du mal ou de vous blesser physiquement de quelque manière que ce soit? Si oui, quand cela s’est-il produit ?”
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison essaie-t-il de vous contrôler, par exemple en vous empêchant d’avoir de l’argent ou de sortir de la maison ?”
Plus d’exemples
“Avez-vous déjà été pressé(e) ou contraint(e) de faire quelque chose de sexuel que vous ne vouliez pas faire ?”22
“Au cours de l’année écoulée, quelqu’un vous a-t-il frappé(e), donné des coups de pied, des coups de poing ou vous a-t-il fait du mal d’une manière ou d’une autre? Si oui, de qui s’agit-il ?”
“Vous sentez-vous en danger dans votre relation actuelle ?”23
“Un partenaire d’une relation antérieure vous fait-il sentir en danger aujourd’hui ?”24
“Vous êtes-vous déjà senti(e) contrôlé(e) ou isolé(e) par un proche ?”25
“Avez-vous un endroit sûr où aller en cas d’urgence ?”26
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison essaie-t-il parfois de vous contrôler en menaçant de vous faire du mal ou de faire du mal à votre famille ?”27
“Avez-vous déjà été giflé(e), poussé(e) ou bousculé(e) par un proche ?”
Ce qu’il ne faut pas dire
“Pourquoi vivez-vous encore avec votre partenaire ou un membre de votre famille qui vous traite de la sorte ?”
“Vous avez de la chance qu’il ne se soit rien passé de pire.”
“Pourquoi avez-vous fait ça… ?”
Si vous avez besoin d’un interprète :
Never use a patient’s relative or friend as an interpreter.
Preferably, engage a professional interpreter with DV training or an advocate affiliated with a local specialised DV agency.
Choose an interpreter of the same gender as the patient, and contemplate having them sign a confidentiality agreement to uphold privacy and trust.
Guidelines how to work with interpreters can be found under these links :
Ne demandez jamais à un ami ou une personne de la famille du patient d’assurer l’interprétariat.
Il est préférable de faire appel à un interprète professionnel ayant reçu une formation en matière de violence domestique ou à un défenseur affilié à une agence locale spécialisée dans la violence domestique.
Choisissez un interprète du même sexe que le patient et envisagez de lui faire signer un accord de confidentialité afin de préserver la vie privée et la confiance.
Le choix de révéler son expérience de violence domestique est profondément personnel, et les victimes peuvent décider de ne pas en parler à leurs médecins pour diverses raisons, telles que des préoccupations liées à leur sécurité, la peur des conséquences potentielles ou un manque de confiance, entre autres. Dans le cas où un patient avoue subir des violences, l’utilisation d’une “approche centrée sur le patient” s’avère bénéfique pour un soutien efficace à l’individu et à sa famille. Les professionnels de santé peuvent soutenir les victimes de violence domestique en plaidant pour elles et en s’appuyant sur leur résilience et leurs points forts. 29
(Video uniquement disponible en anglais) Description : La vidéo illustre la manière dont il convient de réagir lorsqu’une personne révèle qu’elle est victime de violence domestique.
Lorsqu’une personne s’ouvre, écoutez-la activement sans la juger ni lui proposer de solutions, en lui donnant l’espace nécessaire pour exprimer ses besoins. Vous pouvez chercher à obtenir des éclaircissements en posant des questions, mais vous devez surtout permettre à la personne de partager ses émotions. Soyez attentifs aux indices verbaux et non-verbaux et utilisez les techniques suivantes pour l’aider à exprimer ses besoins, afin de mieux la comprendre.
Responsabiliser la victime
Il faut aider la victime à identifier et exprimer ses besoins et préoccupations. Laissez le silence s’installer dans la conversation. Si la personne pleure, donnez-lui suffisamment de temps pour se reprendre.
Évitez de poser des questions commençant par « pourquoi ».
Ce qu’il faut dire
“Quand vous avez dit plus tôt que votre partenaire ou autre membre de votre famille s’en prenait à vous [référence à un comportement évoqué précédemment], pourriez-vous m’expliquer, si cela vous est possible, ce que cela signifie ?”30
« Y a-t-il quelque chose dont vous avez besoin ou qui vous préoccupe ? »
Ce qu’il ne faut pas dire/faire
“Pourquoi avez-vous fait cela ? »
« Pourquoi avez-vous contrarié votre partenaire/membre de votre famille? » Évitez de finir les réponses à la place de la personne. 31
Instaurer un climat de confiance et soyez empathique :
Assurez-vous de bien comprendre ce que la victime partage en répétant ses propos pour confirmer votre compréhension. Reflétez les émotions qu’elle exprime et résumez ses préoccupations. Évitez de poser des questions suggestives au cours de la conversation.
Ce qu’il faut dire
« Vous avez mentionné que vous vous sentez très frustré(e). »
« Il semble que vous soyez en colère à ce sujet… »
« Vous semblez dire que… »
Ce qu’il ne faut pas dire/faire
« J’imagine que cela vous bouleverse, n’est-ce pas ? »
Ne regardez pas votre montre et ne parlez pas trop rapidement. Ne répondez pas au téléphone, ne regardez pas votre ordinateur et n’écrivez pas.32
Valider les émotions de la victime
Assurez à l’autre personne que ses émotions sont normales, créez un environnement sécurisé où elle peut les partager librement, et rappelez-lui qu’elle a droit à une vie sans violence ni peur. Valider consiste à écouter attentivement, comprendre, et croire en ce que l’autre exprime, sans jugement ni conditions.
Ce qu’il faut dire
« Tu n’es en aucun cas responsable. Tu n’as rien à te reprocher. »
“Il est normal d’en parler.”
“Il est possible d’obtenir de l’aide. » [À dire uniquement si c’est vrai]
Plus d’exemples
“Il n’y a aucune justification ou excuse pour ce qui s’est passé. »
« Personne ne mérite d’être frappé par son partenaire ou un membre de sa famille dans une relation. »
« Vous n’êtes pas seule. Malheureusement, beaucoup d’autres personnes ont été confrontées à ce même problème. »
« Votre vie et votre santé sont précieuses. »
« Tout le monde mérite de se sentir en sécurité chez soi. »« Je crains que cela n’affecte votre santé.”
Ce qu’il ne faut pas dire
“Cessez de vous sentir si mal, cela pourrait être pire.”
“Ce sentiment finira par passer, ne vous inquiétez pas.”
Apporter votre soutien
Assurez-vous de ne pas porter de jugement et de ne pas donner de conseils non sollicités. Insistez sur le fait qu’il n’y a aucune excuse pour les comportements violents et prenez la victime au sérieux.
Faites preuve d’empathie, analysez ses expériences et aidez-la à reconnaître et exprimer ses besoins et préoccupations.
Ce qu’il faut dire
“Je sais qu’il est difficile d’en parler, mais je suis là pour vous écouter.”
“Vous n’êtes pas seule, je suis là pour vous.” “Vous n’êtes pas responsible de ce qui se passe.“
“Vous n’êtes pas responsible de ce qui se passe.”
Plus d’exemples
“La violence n’est jamais acceptable et vous ne la méritez pas.”
“Merci de me faire confiance et de partager vos sentiments.”“Y’a-t-il quelque chose dont vous avez besoin ou qui vous préoccupe.”
“Y’a-t-il quelque chose dont vous avez besoin ou qui vous préoccupe ?”
Ce qu’il ne faut pas dire/faire
Vous devriez absolument divorcer.”
“Je pense que cela correspond à un comportement typique des hommes et des femmes et qu’il n’y a pas lieu de réagir de manière excessive.”
Ne faites pas allusion à l’histoire de quelqu’un d’autre et ne parlez pas de vos propres problèmes.33
Eviter la confrontation
Si la victime n’est pas prête à parler de la situation, ne la forcez pas. Sachez reconnaître le bon moment et faites-le-lui savoir. Ne mettez pas la pression.
Ce qu’il faut dire
“Je suis là pour vous aider et je suis disponible, même si je comprends que vous ne voulez pas en parler maintenant.“
“Rappelez-vous que vous n’êtes pas seule. Je serai là pour vous quand vous serez prête.“
Ce qu’il ne faut pas dire/faire
“Même si vous vous sentez mal à l’aise, il est préférable d’en parler. Alors, répondez à mes questions.”
Laissez la personne prendre ses propres décisions
Éviter de juger la capacité de la victime à prendre des décisions, afin d’éviter qu’elle ne perde confiance en vous. L’encouragement et la demande sont les clés.
Ce qu’il faut dire
“Comment puis-je vous apporter le soutien nécessaire ?”
“Que puis-je faire pour vous aider à être plus en sécurité ?“
Ce qu’il ne faut pas dire
“A votre place, je porterais plainte.“
Proposer des structures d’aide aux victimes de violences intrafamiliales
Faites connaître à la personne les services spécialisés dans la lutte contre la violence domestique qui peuvent lui apporter un soutien spécialisé. Évitez les déclarations accusatrices ou condamnantes.
Ce qu’il faut dire
“Voici le numéro du bureau local de lutte contre la violence domestique. Il peut vous aider à trouver un refuge et vous donner des conseils.“
« Voulez-vous que je vous aide à élaborer une stratégie pour être plus en sécurité ?«
“Je veux vous aider (votre enfant, etc.) à être en bonne santé et en sécurité. Je veux partager ces brochures (avec contacts/informations) que je donne à tous mes patients. J’en donne deux exemplaires à chacun pour que vous ayez l’information pour vous et que vous puissiez en donner une à un(e) ami(e). Nous connaissons tous quelqu’un qui a des difficultés et qui peut avoir besoin de soutien.”
Ce qu’il ne faut pas dire/faire
“Vous devez absolument appeler ce numéro et quitter votre agresseur immédiatement !”
« Pourquoi n’avez-vous pas quitté cette personne depuis longtemps? »
« Si vous étiez venue plus tôt, j’aurais pu mieux vous aider« .
Etapes suivantes:
Discutez avec la victime des mesures de sécurité et de l’évaluation des risques. Vous trouverez plus d’informations dans le Module 5: Évaluation du risque et planification des mesures de sécurité.
En cas d’action en justice, il se peut qu’en tant que professionnel de la santé, vous soyez interrogé au sujet de la victime. Vous trouverez de plus amples informations dans le Module 4 : Évaluation médicale et sécurisation des preuves
Vous trouverez plus d’informations sur les procédures pénales à suivre après une dénonciation à la police ici.
Etude de cas : Révélation d’un cas de violences intrafamiliales lors d’une consultation chez un médecin
Un patient de 19 ans se rend chez son médecin pour une consultation.
Le médecin : « Bonjour, que puis-je faire pour vous aujourd’hui? »
Le patient : « Je me sens totalement surmené en ce moment et je voulais vous demander si vous pouviez m’arrêter pendant deux semaines? »
Le médecin : « Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous vous sentez ainsi et cela s’est-il déjà produit ? »
Le patient : “Je n’ai jamais eu d’arrêt de travail pour cette raison. Je viens de déménager de chez mes parents et je me sens submergé”.
Le médecin : Je peux, bien entendu, vous donner un arrêt de travail mais si cette situation vous accable, je me dois d’essayer de vous aider. Vous pouvez peut être m’expliquer davantage ce qui se passe.”
Le patient : « En réalité, parler de ça me met très mal à l’aise. Il y a eu des tensions avec ma mère par le passé. Elle est très contrôlante et surveillait constamment mon téléphone. Chaque fois que je voulais voir mes amis ou ma famille, cela se terminait par des disputes. Petit à petit, je me suis isolé et mes parents étaient ma seule compagnie quand je sortais de chez moi. Ma mère lisait les messages de mes amis avant même que je puisse les voir. C’était très difficile à vivre, et c’est pour ça que j’ai finalement décidé de déménager. Mais aujourd’hui, je ne sais plus si j’ai pris la bonne décision.
Le médecin : « Si votre mère vous contrôlait et vous oppressait autant, pourquoi pensez-vous que déménager était une erreur ? »
Le patient : « Depuis que je vis dans mon propre appartement, ma mère n’arrête pas de m’appeler et de m’envoyer des messages. Je me sens constamment sous pression. Elle m’écris qu’elle ne peut pas vivre sans moi et qu’elle risque de se faire du mal si je ne rentre pas. Je vois sa voiture garée tout le temps : quand je fais mes courses, que je suis au travail, ou que je rencontre des amis. J’ai toujours l’impression qu’elle n’est pas loin de moi. Est-ce que c’est une simple coïncidence ? Je l’ai rejointe plusieurs fois, par pitié pour elle et par crainte qu’elle ne se fasse vraiment du mal.
Pistes de réflexion
(1) Réfléchissez à la réponse du médecin à la demande d’arrêt de travail du patient. Comment le médecin fait-il preuve d’empathie et quels indices dans les mots utilisés par le patient indiquent qu’il peut y avoir un problème sous-jacent ? (2) Considérez le moment où le patient hésite à parler des problèmes relationnels avec sa mère. Comment le médecin a-t-il réussi à renforcer la confiance et à créer un espace sécurisé pour que le patient puisse partager ses expériences ? (3) Analysez la description que fait le patient de sa relation avec sa mère. Quels sont les signaux d’alerte ou les signes de violence domestique potentielle ? (voir aussi le Module 2)
Voici un exemple de vidéo (uniquement disponible en anglais) sur la manière de proposer des moyens pour trouver de l’aide. D’autres exemples peuvent être trouvés dans les chapitres gynécologie-obstétrique, chirurgie (aux Urgences), pédiatrie et odontologie.
Voici des réponses à certaines questions qui peuvent se poser lorsque l’on se retrouve face à des victimes de violence domestique en consultation médicale.34
“Que puis-je faire lorsque j’ai peu de moyens et peu de temps ?”
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de temps ou de ressources : une simple phrase peut suffire pour faire savoir à la victime qu’elle n’est pas seule, que la violence n’est jamais une option et qu’elle peut obtenir de l’aide si elle le souhaite. Informez-vous sur les ressources du système de santé et de la communauté qui peuvent l’aider.
“Pourquoi ne faut-il pas donner de conseils ?”
Il est essentiel pour les victimes d’être écoutées et de pouvoir raconter leur histoire à une personne empathique. La plupart des victimes ne veulent pas qu’on leur dise quoi faire. Écouter attentivement et répondre avec empathie est souvent la chose la plus utile que vous puissiez faire. Les victimes doivent trouver leur propre voie et prendre leurs propres décisions. En parler peut les aider à le faire.
Cependant, fournissez des informations (par exemple, par le biais de brochures) sur les ressources disponibles (par exemple, une aide financière, les coordonnées d’un centre d’accueil).
“Pourquoi les victimes de violence ne quittent tout simplement pas leur bourreau ?”
De nombreuses raisons poussent les victimes à rester dans une relation violente. Il est important de ne pas les juger et de ne pas les inciter à partir. Elles doivent prendre cette décision elles-mêmes, en leur temps. Les raisons de ne pas partir sont liées aux facteurs suivants :
La dépendance financière/sociale, etc. peut être ressentie. Certaines personnes dépendent de leurs bienfaiteurs financiers.
La perception que la violence est normale dans les relations, et que chaque partenaire (ou autre membre de la famille) sera violent et contrôlant à un moment donné, tout en pensant que cette violence est méritée.
Peur d’une réaction violente en cas de départ
Sentiment qu’il n’y a pas d’endroit où aller ou personne vers qui se tourner pour obtenir du soutien.
Vous trouverez plus d’informations sur la dynamique de la violence domestique dans le Module 1.
“Comment cette personne s’est-elle retrouvée dans cette situation ?”
Il est crucial d’éviter de blâmer la victime pour ce qui s’est passé. La violence n’est jamais appropriée, quelle que soit la situation. Il n’y a pas d’excuse ou de justification à la violence. Personne ne mérite d’être blessé.
“Ce n’est pas ce qu’on nous a appris.”
On apprend généralement aux professionnels de santé que leur mission principale est de diagnostiquer le problème afin de le traiter. Cependant, dans cette situation précise, limiter l’action au traitement médical n’est pas suffisant. Il faut se montrer plus humain en écoutant la victime, en identifiant ses besoins et ses préoccupations, en renforçant le soutien social et en augmenant sa sécurité. Aidez-la à connaître les options qui s’offrent à elle, à les envisager et à comprendre qu’elles peuvent efficacement conduire à des changements importants dans sa vie.
Que se passe-t-il si la victime décide de ne pas porter plainte à la police ?”
Respectez sa décision. Faites-lui savoir qu’elle peut changer d’avis. Informez-la qu’il existe quelqu’un à qui elle peut parler de ses options et qui l’aidera à porter plainte si elle le souhaite.
“Comment puis-je garantir la confidentialité si la loi m’oblige à porter plainte auprès de la police ?”
Si la loi vous oblige à signaler la violence à la police, vous devez le dire à la personne. Vous pouvez dire, par exemple, « Ce que vous me dites est confidentiel, ce qui signifie que je ne parlerai à personne d’autre de ce que vous partagez avec moi. La seule exception à cette règle est… »
En tant que professionnel de santé, renseignez-vous sur les spécificités de la loi et sur les conditions dans lesquelles vous êtes tenu de faire une déclaration (par exemple, la loi peut exiger la déclaration d’un viol ou d’une maltraitance d’enfant). Assurez-lui qu’en dehors de cette obligation de signalement, vous n’en parlerez à personne d’autre sans son autorisation. Vous trouverez de plus amples informations sur les aspects juridiques dans les différents pays dans Module 7.
“Et si la victime se met à pleurer ?”
Laissez-la pleurer, donnez-lui ce temps. Vous pouvez dire : « Je sais qu’il est difficile d’en parler. Prenez votre temps. »
“Que faire si je soupçonne une situation de VIF, mais que la personne ne la reconnaît pas ?”
N’essayez pas de forcer la personne à révéler la situation (vos soupçons peuvent être erronés). (Vos soupçons peuvent être erronés.) Vous pouvez toujours prodiguer des soins et proposer une aide supplémentaire.
“Que faire si la personne veut que je parle à son partenaire, à un membre de sa famille ou à celui qui s’occupe d’elle ?”
Il n’est pas souhaitable que vous assumiez cette responsabilité. Toutefois, si la victime estime qu’elle peut le faire en toute sécurité et que cela n’aggravera pas la violence, il peut être utile qu’une personne qu’elle respecte lui parle – peut-être un membre de la famille, un ami ou un chef religieux. Avertissez-les que si cela n’est pas fait avec précaution, cela pourrait conduire à une aggravation de la violence.
“Que se passe-t-il si le partenaire, le membre de la famille ou l’aidant est également l’un de mes clients ?”
Il est très difficile de continuer à voir les deux personnes lorsqu’il y a de la violence dans la relation. La meilleure pratique consiste à essayer de faire en sorte qu’un collègue puisse voir l’une des deux personnes, tout en veillant à ce que la confidentialité des informations communiquées par la victime soit protégée.
“Que faire si je pense que le partenaire, le membre de la famille ou l’aidant représente une menance pour la vie de la victime ?”
Partager vos inquiétudes avec la victime en toute transparence, expliquez-lui pourquoi vous pensez qu’elle court un risque grave et expliquez-lui que vous souhaitez discuter des options possibles pour la mettre en sécurité. Dans cette situation, il est particulièrement important d’identifier et de proposer des alternatives sûres où la victime peut aller.
Préparez-vous à une telle situation et ayez à portée de main un dépliant contenant les numéros de téléphone respectifs (par exemple, ceux d’un refuge). Veillez à ce que cette liste soit à jour.
Demandez s’il existe une personne de confiance que vous pouvez associer à la discussion et que vous pouvez alerter sur le risque.
“Que faire si je ne peux plus supporter ce que j’entends ?”
Vos besoins sont aussi importants que ceux de la victime dont vous vous occupez. Il se peut que vous ayez des réactions ou des émotions fortes en écoutant les victimes ou en parlant de la violence avec elles. C’est particulièrement vrai si vous avez vous-même subi des abus ou des violences – ou si vous en subissez actuellement.
Soyez conscient de vos émotions et profitez-en pour mieux vous comprendre.
Veillez à obtenir l’aide et le soutien dont vous avez besoin pour vous-même. Vous trouverez plus d’informations sur les façons de prendre soin de sa propre santé dans le module 9.
7. Communication avec les équipes médicales
Les difficultés liées aux relations entre professionnels ou les obstacles structurels concernant la question de la violence domestique peuvent se produire, surtout dans l’agitation quotidienne d’un hôpital ou d’un cabinet médical. Malheureusement, il arrive que les collègues ou les supérieurs n’apportent pas le soutien attendu lorsqu’il s’agit de violence domestique, par crainte d’aborder ce sujet délicat.
Dans cette vidéo (uniquement disponible en anglais), un professionnel de santé engage une conversation pour expliquer à un collègue hésitant l’importance de proposer des moyens de protection aux patients victimes de violence domestique. »
Pistes de réflexion: (1) Évaluer l’efficacité des stratégies de communication utilisées dans la vidéo. Réfléchissez à l’importance d’une communication claire et empathique dans le cadre des soins médicaux. (2) Identifiez les dilemmes éthiques présentés dans le scénario. Réfléchissez à l’impact des considérations éthiques sur la prise de décision dans le domaine médical.
Votre bien-être est tout aussi important que celui des personnes dont vous vous occupez. Il est naturel d’éprouver des réactions ou des émotions intenses lorsque l’on parle de violence domestique, en particulier si vous avez personnellement subi des abus ou des violences dans le passé ou si vous y êtes actuellement confronté. Prenez en compte vos émotions et profitez-en pour vous livrer à une introspection. Veillez à rechercher l’aide et le soutien nécessaires pour vous-même.
Tâches de réflexion pour les professionnels de la santé :
Il est primordial de se préparer à identifier la violence domestique et à y répondre.
(1) Dans quelle mesure vous sentez-vous bien préparé à cet égard et quelles sont les ressources en matière d’éducation et/ou de formation dont vous disposez ou que vous connaissez dans votre domaine d’activité ?(2) Disposez-vous d’une pièce dans votre cabinet clinique où vous pouvez parler aux patients en privé? (Un entretien derrière un rideau ou un écran n’est manifestement pas privé ou confidentiel). (3) Dans votre domaine d’activité, comment les patients peuvent-ils vous avertir qu’ils souhaitent s’entretenir avec vous en privé ? (4) Disposez-vous actuellement d’une procédure claire d’orientation des patients vers d’autres services et aides ? (5) Savez-vous quels sont les services et les aides disponibles pour les personnes qui révèlent des violences domestiques dans votre domaine d’activité – et les coordonnées des personnes à contacter sont-elles disponibles ? (6) Savez-vous comment orienter les patients vers les services de protection des adultes et des enfants ?
8. Communication visuelle
Les personnes victimes de violence domestique rencontrent souvent des difficultés pour accéder à l’information et aux services d’aide. La communication visuelle joue un rôle crucial dans la sensibilisation à la violence domestique dans le milieu médical, par exemple dans les hopitaux et les cabinets de médecins. Il est essentiel d’utiliser des outils tels que des affiches (par exemple, avec des codes QR), des brochures ou des dépliants placés stratégiquement dans les salles d’attente, les toilettes, et autres endroits accueillant des visiteurs. Placez ces informations dans les toilettes (en précisant qu’il ne faut pas ramener ces informations chez soi si l’agresseur risque de les trouver).
Ces aides visuelles servent à indiquer que l’établissement est un espace sûr pour discuter de la violence domestique et rendent les services d’aide facilement accessibles. En créant un environnement visuel qui aborde ouvertement la violence domestique, les personnes sont plus susceptibles de se sentir encouragées à parler et à demander de l’aide. Cette approche proactive contribue à briser le silence autour de la violence domestique et à favoriser une atmosphère de soutien.
N’oubliez pas :
Utilisez des visuels diversifiés qui représentent fidèlement les multiples expériences des personnes touchées par la violence (incluant tous les sexes sans stéréotypes).
Si possible, fournissez des informations traduites en plusieurs langues.
Choisissez des images percutantes qui véhiculent un message positif. Évitez les images nuisibles telles que les représentations de la violence physique (car la violence domestique n’est pas seulement physique), les représentations sexualisées des victimes et des survivants, et les images exclusives à des groupes démographiques spécifiques.
Le signal international d’appel à l’aide est un signe de la main utilisé pour attirer l’attention sur la violence domestique. Il peut être utilisé lorsque la personne ne peut pas parler fort, par exemple parce que l’agresseur est à proximité (dans la voiture, à la maison, etc.).
“Le signal consiste à lever une main, le pouce rentré dans la paume, puis à replier les quatre autres doigts vers le bas, emprisonnant symboliquement le pouce avec le reste des doigts.”35
Brochures
Distribuez des brochures d’information sur la sensibilisation à la violence domestique ou sur les services de conseil locaux, en privilégiant ceux à proximité qui proposent des services anonymes en ligne.
Si la distribution de dépliants n’est pas sécurisée, créez des cartes de visite discrètes avec des numéros de téléphone et des adresses de services d’aide. Vous pouvez trouver un exemple de carte de visite dans le chapitre spécialement dédié à l’odontologie.
If it is not safe to give the affected person a flyer, it is a good option to create, for example, a business card with discreet phone numbers and addresses. You can see an example of a business card for men and women in the spotlight on dentistry.
Autres moyens
Affichez des boutons signalant qu’il s’agit d’un espace sûr pour parler de la violence domestique.
Tous unis contre les violences intrafamiliales / Endroit sécurisé pour parler des violences intrafamiliales
Focus sur la gynécologie/obstétrique, la chirurgie et la pédiatrie
Indicateurs pour la gynécologie, la chirurgie et la pédiatrie
9. Gynécologie-obstétrique
Vous avez précédemment visionné une vidéodans laquelle le médecin a délimité “un espace sécurisé” pour Jocelyn en demandant au mari de rester en dehors de la salle d’examen. Regardez maintenant une vidéo dans laquelle une chlamydia est diagnostiquée chez Jocelyn et prêtez attention au style de communication du médecin (vidéo uniquement disponible en anglais)
Pistes de réflexion
(1) Évaluez la capacité du médecin à écouter activement les préoccupations de Katy. Identifiez les cas où l’écoute active a joué un rôle dans l’interaction. (2) Examinez l’approche du médecin lorsqu’il délivre des informations sensibles. Comment a-t-elle fait preuve d’empathie et de sensibilité à l’égard de la situation de Katy ? (3) Réfléchissez aux suggestions ou au soutien proposés par le médecin à Katy. Comment le médecin a-t-il répondu aux inquiétudes ou aux questions que Katy aurait pu avoir ?
« Avez-vous déjà été touchée d’une manière qui vous a mise mal à l’aise ?
« Quelqu’un vous a-t-il déjà forcé à faire quelque chose de sexuel alors que vous ne le vouliez pas ?
« Votre partenaire a-t-il déjà refusé d’avoir des rapports sexuels protégés ?
La vidéo suivante (uniquement disponible en anglais) montre les réactions appropriées face à une patiente dont le test de grossesse s’est révélé positif, en proposant des options de soutien et en procédant à une évaluation de la violence domestique.
Pistes de réflexion:
(1) Évaluez la communication du médecin: reflète-t-elle une approche centrée sur le patient. Comment le médecin a-t-il impliqué le patient dans le processus de prise de décision ? (2) Prêtez attention au langage corporel et aux signaux non verbaux du médecin. Comment ces éléments ont-ils contribué à la communication dans son ensemble ou l’ont-ils influencée ? (3) Résumez vos impressions générales sur le style de communication du médecin dans ce scénario particulier. Qu’est-ce qui vous a semblé particulièrement efficace ou qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?
Dans cette vidéo ci-après, Marta consulte son médecin dans le cadre d’une contraception orale. Comme elle est originaire d’Espagne, l’anglais n’est pas sa langue maternelle. Observez comment le médecin aborde ce problème de communication.
Vidéo uniquement disponible en anglais.
Pistes de réflexion
(1) Identifiez les moments où le médecin manifeste de l’empathie et de la compréhension envers le patient. Quel impact cela a-t-il sur l’expérience du patient ? (2) Examinez la compétence culturelle démontrée par le médecin. Dans quels cas la sensibilité culturelle est-elle évidente dans la communication ? (3) Réfléchissez aux stratégies utilisées par le médecin pour établir et maintenir la confiance avec le patient. Quelle est l’importance de la confiance dans ce contexte de soins médicaux ?
Voici un exemple de situation de sensibilisation à la violence domestique dans la pratique des sages-femmes :
En raison d’une gêne pelvienne, la sage-femme demande à Alessia de fournir un échantillon d’urine. Dans les toilettes du cabinet de sage-femme, Alessia remarque une affiche contenant des informations sur la violence domestique, avec des autocollants jaunes fixés dessus. À côté, il est écrit : « Si vous souhaitez discuter de la violence domestique, veuillez coller l’un de ces autocollants sous votre récipient d’urine. » Après quelques hésitations, Alessia prend un adhésif, le colle sous son échantillon d’urine et le place dans le compartiment prévu à cet effet.37
10. Chirurgie, service des urgences
Malheureusement, les emplois du temps très chargés des personnels des hôpitaux ne sont pas vraiment compatibles avec la reconnaissance, le traitement et le soutien aux victimes de violence domestique.
Vidéo uniquement disponible en anglais
Pistes de réflexion :
(1) Réfléchissez à la réaction du médecin face à l’asthme du patient. Comment le médecin fait-il preuve d’empathie et quels indices dans les paroles du patient indiquent qu’il peut y avoir un problème sous-jacent ? (2) Réfléchissez au moment où le patient hésite à parler des problèmes de sa relation. Comment le médecin a-t-il renforcé la confiance et créé un espace sécurisé pour que le patient se livre davantage et parle de ce q’uil vit réellement ?
Étude de cas : Reconnaître un cas de violence domestique et agir en conséquence
Robin s’est présenté aux urgences avec une suspicion de fracture du bras, des côtes fêlées et des ecchymoses autour du cou.
Robin a vu l’infirmière de triage. Il lui a dit que ses blessures résultaient d’une chute dans les escaliers de son appartement.
En raison des marques d’ecchymoses autour de son cou, le Dr Andersson craint que Robin ne soit victime de violence domestique.
Robin : Je me sens tellement bête! Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai juste trébuché en haut des escaliers. J’essaierai d’être plus prudent à l’avenir. Dans combien de temps irai-je mieux ?
Dr Andersson : Les accidents, ça arrive, Robin. Concentrons-nous sur votre guérison. J’ai remarqué que vous êtes venu ici plusieurs fois ces derniers temps. Y a-t-il une raison particulière ?
Robin : Je crois que suis très maladroit. Je tombe tout le temps, vous savez ?
Dr Andersson : Mais l’ecchymose autour de votre cou est une blessure très inhabituelle causée par une chute. Il est beaucoup plus probable qu’elle ait été causée par une pression exercée, peut-être par les mains de quelqu’un… ? Tout va bien à la maison ?
Robin : Je ne sais pas ce que vous suggérez, mais tout va bien. Pouvez-vous soigner mon bras, s’il vous plaît, et me laisser rentrer chez moi maintenant ?
Dr Andersson : Je veux tout d’abord m’assurer de vous prendre en charge correctement. Malgré ce que vous me dites, vos blessures m’inquiètent. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce qui se passe chez vous ?
(Robin reste silencieux)
Dr Andersson : Je suis là pour vous aider, Robin. S’il y a quelque chose que vous n’êtes pas à l’aise de partager, ce n’est pas grave. Mais il est essentiel pour votre bien-être que nous ayons une vue d’ensemble de la situation. Maintenant, à propos de ces blessures, déterminons le meilleur plan d’action pour votre rétablissement.
Robin : (commence à pleurer) Vous savez, un nouveau colocataire a emménagé il y a quelques mois. Au début, c’était juste pour plaisanter, des coups de poing amusants et tout le reste. Puis ça a empiré et il m’a fait du mal.
Quand il est stressé par l’université, il se défoule sur moi. Je pense que je suis peut-être déprimée. Je ne peux parler à personne, j’ai peur et je me sens impuissante.
Dr Andersson (fait une pause et donne à Robin le temps de le faire) : Je sais qu’il est difficile d’en parler. J’apprécie que vous en parliez, Robin. Ce n’est pas facile. Vous n’êtes pas obligée de vivre cela toute seule. Ce n’est pas normal que ton colocataire te fasse du mal et que tu aies peur de lui. Il est essentiel de s’occuper à la fois de vos blessures physiques et de votre bien-être émotionnel. Je suis vraiment inquiet pour votre sécurité et j’aimerais que vous vous adressiez à un groupe de protection des victimes ou à une ONG spécialisée.
Pistes de réflexion
(1) Évaluez les compétences du médecin en matière de communication dans ce scénario. Quelles techniques le Dr Andersson a-t-il utilisées pour encourager Robin à s’ouvrir sur sa situation ? Comment une communication efficace peut-elle jouer un rôle essentiel dans les cas de violence potentielle ? (2) Examinez les indices qui ont amené le Dr Andersson à s’inquiéter de la violence domestique. Comment le médecin a-t-il géré cette situation délicate tout en respectant la réticence initiale de Robin à donner des détails ? (3) Évaluez la stratégie de communication du Dr Andersson. Comment le médecin a-t-il réussi à obtenir des informations sur les blessures de Robin tout en tenant compte de son état émotionnel ?
(1) Réfléchissez à la manière dont le pédiatre a transmis les informations. Quelles observations avez-vous faites concernant le choix de la langue et de la formulation ? (2) Qu’avez-vous remarqué d’autre dans ce contexte ?
La maltraitance des enfants se manifeste sous diverses formes et son impact sur chaque enfant est différent. Tous les cas n’impliquent pas de blessures visibles, d’où l’importance d’explorer les indicateurs dans le Module 2. Si les dommages physiques ne sont pas toujours évidents, les effets durables sur le développement neurologique, cognitif et émotionnel de l’enfant posent de plus grands défis. Pour en savoir plus sur les impacts à long terme de la violence domestique sur les enfants, qu’ils soient témoins ou victimes, cliquez ici.
Parler de la violence sexuelle – Se pourrait-il que les enfants inventent tout cela ?38
Il est important de savoir que les actes sexuels commis par des adultes ne font pas partie de l’univers des enfants. Il est donc peu probable qu’ils inventent des histoires ou développent des « fantasmes » à ce sujet. Les mensonges et l’imagination sont typiquement des tentatives qu’ils utilisent pour s’élever, pour « se rendre importants ». Cependant, comme la violence sexuelle implique la dévalorisation et la honte, les enfants n’inventent généralement pas de tels événements. Dans de rares cas, ils peuvent désigner une personne différente du véritable agresseur comme étant l’auteur de la violence, peut-être pour protéger l’un de leurs proches. Parfois, cela se produit parce qu’ils ont très peur de cette personne. Il est également possible que certaines parties de leurs récits soient incorrectes, mais que les informations de base soient toujours exactes.
Cela s’applique également aux adolescents, bien que les interactions sexuelles avec des adultes puissent faire partie de leur expérience. Contrairement aux enfants, ils peuvent être plus enclins à inventer des cas de violence sexuelle. En même temps, les adolescents sont bien conscients des conséquences potentielles auxquelles ils pourraient être confrontés: les victimes adolescentes sont souvent blâmées et/ou stigmatisées. Par conséquent, très peu d’adolescents, à l’instar des enfants, inventent des situations pour nuire à des adultes.
Les adolescents comme les enfants, qui se heurtent souvent à des obstacles importants pour communiquer, méritent que nous les croyions, en évitant l’incrédulité automatique. La peur de ne pas être cru est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles beaucoup choisissent de garder le silence.
L’une des plus grandes craintes des enfants et des adolescents victimes de violence domestique ou sexuelle au sein de la famille est que la famille s’effondre s’ils commencent à en parler. Ils se sentent responsables du bien-être de leur famille. Pire encore, cette crainte est souvent justifiée: ils doivent souvent supporter l’ignorance ou les accusations des autres membres de la famille une fois qu’ils ont trouvé le courage de parler.
Une telle approche évasive envers les survivants renverse les responsabilités. Ce n’est pas la révélation de la violence domestique ou sexuelle qui ébranle les fondations de la famille. La destruction a eu lieu bien avant: lorsqu’un parent ou un autre membre de la famille a profané le sanctuaire privé de la famille, où les enfants et tous les autres membres devraient se sentir en sécurité, pour commettre des actes de violence.
La crainte de commettre une injustice à l’égard d’une personne soupçonnée est très répandue. La plupart des faux soupçons ne sont pas dus à des mensonges des enfants ou des adolescents, mais plutôt à la tendance des adultes à exprimer rapidement des doutes lorsqu’ils trouvent certaines situations ou comportements étranges ou suspects. Certains adultes interprètent les changements de comportement des enfants et des adolescents comme des signes apparents de violence domestique ou sexuelle, ou ne comprennent pas leurs déclarations. Parfois, ils sont si inquiets qu’ils posent des questions de manière biaisée, incitant involontairement les enfants ou adolescents à répondre de manière attendue.
Nous devons également savoir qu’un soupçon ne peut pas être vérifié en confrontant directement la personne soupçonnée. Tant les personnes accusées à tort que les auteurs de violences nient généralement les accusations. C’est pourquoi il est essentiel que des professionnels expérimentés parlent aux enfants et aux adolescents. Ils sont les mieux placés pour interpréter les déclarations et déterminer si un soupçon peut être confirmé ou, au contraire, dissipé.
Certains enfants peuvent choisir de ne pas parler directement de la violence domestique, tandis que d’autres peuvent faire des révélations indirectes en faisant allusion à des détails ou en les exprimant de manière détournée, par exemple en disant « parfois, mon beau-père embête mon papa » ou « ma tante, qui vit avec nous, crie beaucoup ». Il est crucial de reconnaître ces révélations indirectes et d’y répondre de manière appropriée.
There are a range of reasons why children and young people do not disclose, even when there is physical evidence or an admission of offending by an alleged abuser. These include but are not restricted to :
the person who has experienced sexual abuse, or other family member, feeling guilty, fearful, embarrassed, or ashamed
a lack of language skills to communicate the abuse
a fear of not being believed
fear of retribution
afraid of threats made by the alleged abuser or a significant other
fear of things getting worse due to an adult’s intervention or past negative experiences
system and community responses, such as fear of what will happen following the disclosure
trauma – the severity of the abuse, being unable to remember the details of the abuse
dissociation, which can occur:
during the interview or engagement with the child, thereby restricting the practitioner’s ability to obtain information
during the abuse, which impacts the child’s ability to remember or articulate the memory of the abuse
inability to recognise the activity as abusive
cultural considerations (further outlined below)
not wanting to talk to strangers
the gender of the interviewer
lack of parental support, either explicitly voiced or implied
lack of confidence in adults and their ability to help.
De nombreux enfants se sentent mal à l’aise parce que l’auteur de l’agression est quelqu’un qu’ils aiment. Il faut donc offrir un premier soutien, en tenant compte du sexe de la victime et adapter la proposition à l’enfant ou l’adolescent
d’écouter respectueusement et avec empathie les informations fournies ;
de s’enquérir des inquiétudes, des préoccupations et des besoins de l’enfant ou de l’adolescent, et répondre à toutes leurs questions ;
d’apporter une réponse sans jugement, validant les sentiments de l’enfant ou de l’adolescent ;
de prendre des mesures pour améliorer leur sécurité et minimiser les dommages, y compris en garantissant la confidentialité visuelle et auditive, et en empêchant la poursuite des abus ;
d’apporter un soutien émotionnel et pratique en facilitant l’accès aux services psychosociaux ;
de leur fournir des informations adaptées à leur âge sur ce qui sera fait pour leur fournir des soins, y compris sur le fait que leur révélation d’abus devra être signalée aux autorités compétentes désignées ;
de s’occuper d’eux en temps opportun et conformément à leurs besoins et à leurs souhaits ;
de donner la priorité aux besoins médicaux immédiats et au soutien de première ligne ;
de s’assurer que l’environnement et la manière dont les soins sont prodigués soient adaptés à l’âge de l’enfant et tiennent compte des besoins spécifiques, notamment ceux liés à un handicap ou à l’orientation sexuelle ;
de réduire au minimum la nécessité pour ces personnes de se rendre à plusieurs centres d’aide ;
de donner aux aidants familiaux (autre que l’agresseur) des informations leur permettant de comprendre les symptômes et les comportements que l’enfant ou l’adolescent pourrait manifester dans les jours ou les mois à venir, ainsi que de savoir quand chercher de l’aide supplémentaire.
Questions de dépistage
Poser des questions simples. L’enfant ne doit pas être « interrogé ». Accordez-lui des moments de silence. Si l’individu pleure, laissez-lui suffisamment de temps pour se remettre de ses émotions.
Ce qu’il faut dire :
« Y a-t-il quelque chose qui te rend triste ou qui t’inquiète ? »
« Certains enfants peuvent avoir peur à la maison. D’après toi, qu’est-ce qui peut les effrayer ? » « Que se passe-t-il chez toi (ou à la garderie) lorsque les gens se mettent en colère ? »43
Ce qu’il ne faut pas dire :
“Is the mark on your arm a result of parental physical punishment ?”
Instaurer la confiance et faire preuve d’empathie
Vous pouvez apporter votre soutien à l’enfant/l’adolescent en acceptant ses émotions, ses expériences ou ses réactions comme étant légitimes et dignes de considération et en faisant preuve d’empathie. L’enfant/l’adolescent doit être rassuré.
Ce qu’il faut dire :
« Je te crois ».
« Je suis content que tu sois venu(e) me voir ».
« Je suis désolé de ce qui s’est passé ».
« Merci d’avoir partagé cette information avec moi. »
« Rien de ce que tu as fait n’est à l’origine de cette situation. »48
« Tu mérites d’être en sécurité et d’être heureux(se). »49
Ce qu’il ne faut pas dire :
« Tu devrais t’estimer heureux(se) d’avoir survécu. »
« Je te plains. »
Il n’y a pas de mal à faire une pause
Ne faites pas pression sur eux pour qu’ils racontent leur histoire. Ne regardez pas votre montre et ne parlez pas trop vite. Ne répondez pas au téléphone, ne regardez pas votre ordinateur et n’écrivez pas. Ne les interrompez pas. Attendez qu’ils aient terminé de parler avant de poser des questions.
Ce qu’il faut dire :
« Je suis là pour toi. »
Ce qu’il ne faut pas dire :
« Même si tu te sens mal à l’aise, il vaut mieux en parler. Réponds donc à mes questions, s’il te plaît. »
Décharger l’enfant/adolescent de son fardeau
Si la victime n’est pas prête à parler de la situation, ne la forcez pas. Identifiez le bon moment et informez-en la victime. Relâchez la pression.
Ce qu’il faut dire :
« C’est normal d’avoir des sentiments différents envers l’un de tes parents ou un membre de ta famille. Tu n’as pas à t’inquiéter, c’est ok de ressentir ça.
Ce qu’il ne faut pas dire :
« Tu ne devrais pas ressentir cela. »
« Pourquoi tes parents se disputent-ils ? »
SUPER LISTENER (personne qui sait être à l’écoute) a été conçu par des enfants et des jeunes victimes de violence domestique. “Power Up/Power Down” était un projet participatif explorant les moyens d’améliorer les procédures de droits de visite pour les enfants sur décision de justice. Les enfants qui ont participé ont estimé qu’il était important que tous les adultes qui travaillent avec des enfants sachent ce qui caractérise un SUPER LISTENER.
Veuillez regarder la vidéo tournée dans un environnement pédiatrique sur la manière d’aider une personne qui s’occupe d’un enfant et qui n’a pas encore révélé la violence domestique subie.
Vidéo uniquement disponible en anglais.
Pistes de réflexion
(1) Observez les moments où le professionnel de santé fait preuve d’une écoute active. Comment l’écoute active contribue-t-elle à une communication efficace dans ce scénario ? (2) Évaluez la manière dont le professionnel de santé transmet les informations au patient. Les informations sont-elles présentées de manière claire et compréhensible ? (3) Observez la manière dont le professionnel de santé répond aux préoccupations et aux questions du patient. Dans quelle mesure ces préoccupations sont-elles abordées de manière efficace ?
Focus sur l’odontologie (soins dentaires)
12. Odontologie
Étude de cas : Chez le dentiste: Savoir reconnaître les signaux d’alerte et savoir communiquer en cas de suspicion de violence domestique
Mme Miller se présente comme nouvelle patiente dans un cabinet dentaire. Elle vient car des douleurs dentaires persistent au niveau de la mâchoire supérieure. Le dentiste remarque immédiatement le comportement anxieux et timide de la patiente. Bien que la patiente ait déjà rempli un formulaire d’antécédents médicaux dans la salle d’attente, le dentiste prend le temps de mieux la connaître.
Dentiste : « Avez-vous récemment emménagé à K., Mme Miller ? »
Mme Miller : « Non, mon mari et moi vivons ici depuis sept ans. Je n’ai pas eu de problèmes dentaires jusqu’à aujourd’hui. Mon mal de dents me fait passer de telles nuits blanches que c’en est devenu insupportable. »
Dentiste : « D’accord, je vais regarder de plus près ». Dès le départ, le dentiste détecte une petite hémorragie rougeâtre autour des yeux de la patiente.
Lorsqu’il essaie de regarder dans la bouche de Mme Miller avec son miroir, la patiente recule immédiatement. « Je suis très prudent », dit-il à la patiente. « J’essaie juste d’avoir une vue d’ensemble pour comprendre d’où peut venir la douleur ».
Mme Miller acquiesce, mais elle ne se détend pas pour autant. Elle reste très crispée. Pendant l’examen, une réaction de surprise de la part de la patiente fait glisser son foulard et le dentiste peut apercevoir plusieurs hématomes violet foncé et déjà décolorés au niveau de son cou. Le dentiste ne prend pas le temps de réfléchir à ce qu’il voit.
Comme le dentiste ne parvient pas à localiser l’origine de la douleur dentaire lors de l’examen, il propose de faire une radiographie. Mme Miller demande alors : « Est-ce vraiment nécessaire? ».
« Oui, absolument, » répond le dentiste. « C’est votre première visite aujourd’hui. J’aimerais obtenir une vue panoramique de votre mâchoire. Seule une radiographie peut permettre de visualiser les extrémités des racines et de détecter une éventuelle inflammation. Pour cela, je propose de réaliser une radiographie panoramique (OPG/PSA) afin d’observer toutes les dents, les mâchoires et les deux articulations temporo-mandibulaires. L’examen externe ne me permet pas de déterminer avec précision l’origine exacte de votre douleur dentaire. Malheureusement, cette information est nécessaire pour vous offrir un traitement efficace. La procédure de radiographie est complètement indolore. La machine effectue simplement une rotation autour de vous. »
Lorsque le dentiste examine la radiographie, il est choqué en découvrant une fracture récente de la mâchoire inférieure. Il se demande pourquoi Mme Miller n’a pas consulté plus tôt, sachant que cela aurait pu lui causer une douleur intense. De retour au fauteuil de traitement, le dentiste mentionne alors la fracture :
« Sur la radiographie, je vois une fracture récente de votre mâchoire inférieure, qui pourrait être à l’origine de votre douleur. Vous rappelez-vous comment cette blessure s’est produite ? »
Mme Miller répond : « Oh, c’était il y a longtemps. Je ne m’en souviens plus vraiment. »
Dentiste : « Tout va bien à la maison ? De telles blessures surviennent souvent lorsque quelqu’un a été blessé par quelqu’un d’autre. Était-ce le cas pour vous ? J’ai également vu plusieurs ecchymoses sur votre cou. »
Les yeux de Mme Miller se remplissent de larmes, mais elle ne répond pas aux questions. Le dentiste respecte cette attitude et ne veut pas faire pression sur elle.
Cependant, à la fin du traitement, le dentiste remet à Mme Miller une carte contenant les coordonnées confidentielles de refuges pour femmes et des numéros d’urgence en cas de violence. Il lui explique qu’elle peut les contacter si elle se sent menacée à la maison ou en danger. Il l’invite également à le contacter directement en cas de besoin, soulignant que personne ne devrait jamais être victime de violence ou de pression psychologique.
Le dentiste prévoit de recontacter rapidement Mme Miller pour poursuivre le traitement et prend des notes détaillées dans son dossier. Il envisage également de discuter à nouveau avec elle de sa situation à la maison lors de ses prochaines visites.
Pistes pour une réflexion plus approfondie :
(1) Quels sont les indicateurs identifiés dans cette étude de cas qui montrent que Mme Miller pourrait être victime de violence domestique ? (2) Quel type de questions le dentiste a-t-il posé à la patiente – directes ou indirectes ? (3) Quelles inquiétudes et quelles craintes les patients tels que Mme Miller peuvent-ils éprouver au cabinet dentaire ? Qu’est-ce qui pourrait empêcher les victimes de révéler les violences domestiques qu’elles ont subies ? (4) Comment le dentiste a-t-il réagi lorsque Mme Miller n’a pas répondu aux questions sur la violence domestique ?
Exemples de raisons pour lesquelles les victimes ne mentionnent pas la violence domestique subie lors de leur visite chez le dentiste :50
L’information sur le dépistage de la violence domestique peut être intégrée directement dans le formulaire d’anamnèse, par exemple : « Nous interrogeons généralement nos patients sur la violence domestique. »
Plus les dentistes sont formés et informés sur la manière d’aider les victimes de violence domestique, plus ils seront à l’aise pour aborder ce sujet. Une bonne connaissance du problème renforce leur confiance en eux.
Des affiches informatives peuvent être placées dans la salle d’attente et des brochures peuvent être mises à disposition. Pour plus d’informations, voir la section 8. Communication visuelle.
Si remettre un dépliant à la victime n’est pas prudent, une carte de visite discrète peut être conçue, avec des numéros et des adresses cachés. Par exemple, des cartes spécifiques pour les hommes et pour les femmes peuvent contenir des informations sur les centres de soutien dans la région de Münster (Allemagne).
Levinson W, Gorawara-Bhat R, Lamb J. A Study of Patient Clues and Physician Responses in Primary Care and Surgical Settings. JAMA. 2000;284(8):1021–1027. doi:10.1001/jama.284.8.1021 ↩︎
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[1] Ashur M. L. (1993). Asking about domestic violence: SAFE questions. JAMA, 269(18), 2367. ↩︎
Translated and adapted from Schäfers, R. (2012). Gesundheitsförderung durch Hebammen: Fürsorge und Prävention rund um Geburt und Mutterschaft (1st ed.). Schattauer. p. 127. ↩︎
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World Health Organization. (2017). Responding to children and adolescents who have been sexually abused: WHO clinical guidelines. World Health Organization. P. 18-19. https://www.who.int/publications/i/item/9789241550147↩︎
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Femi-Ajao, O. (2021). Perception of women with lived experience of domestic violence and abuse on the involvement of the dental team in supporting adult patients with lived experience of domestic abuse in England: a pilot study. International journal of environmental research and public health, 18(4), S.5 https://www.mdpi.com/1660-4601/18/4/2024↩︎