Module 7: Principes de la coopération interorganisationnelle et de l’évaluation des risques dans les cas de violence domestique au sein d’équipes multi-professionnelles

  1. Coopération inter-agences
  2. L’évaluation des risques
  3. Coopération entre agences, en particulier dans le secteur de la santé
  4. Procédure pénale en cas de violence domestique
  5. Procédures pénales nationales
  6. Excursus: La violence domestique en cas de catastrophe

Sources

Objectifs d’apprentissage

+ Comprendre comment les intervenants de première ligne travaillent, en mettant l’accent sur le secteur medical.

+ Comprendre pourquoi la coopération au sein d’équipes multi-professionnelles est la plus efficace dans la lutte contre la violence domestique.

+ Comprendre les défis multiples associés à la coopération multi-professionnelle en cas de pandémie telle que les catastrophes COVID-19.

Remarque: le matériel pédagogique n’est pas adapté aux besoins de chaque pays; il comprend des cas génériques qui doivent être adaptés au niveau local.


Vidéo IMPRODOVA: Pourquoi la coopération dans les cas de violence domestique est-elle importante?

Description: La vidéo explique pourquoi la coopération est importante dans les cas de violence domestique.

1. Coopération inter-agences1

Le travail en partenariat multi-agences est le moyen le plus efficace de répondre à la violence domestique à un niveau opérationnel et stratégique. La formation initiale et continue, le soutien organisationnel et la supervision sont essentiels.

La violence domestique a des effets néfastes sur les individus, les familles et les relations Elle affecte la santé, le bien-être et l’éducation des enfants témoins ou victimes d’abus. Elle affecte l’économie, les entreprises et les employeurs de la communauté où travaillent les victimes/survivants ou les auteurs. Elle accroît les exigences en matière de logement et entraîne d’autres besoins en matière de santé et d’aide sociale. Tous ces prestataires de services et agences traitent souvent les mêmes problèmes de manière divergente, avec des interventions et des résultats différents.

Principles du travail multi-agences

Pour garantir un partenariat fructueux, certains principes peuvent être élaborés et acceptés par les différentes agences travaillant ensemble. Les points énumérés ci-dessous peuvent aider les professionnels et les organisations à définir et à approuver certains principes auxquels toutes les agences travaillant ensemble devraient adhérer.

  • Comprendre qu’en l’absence d’une prévention efficace et d’une intervention précoce, la violence domestique s’aggrave souvent et qu’il est donc important de tout mettre en œuvre pour identifier et soutenir plus tôt les adultes et les enfants victimes.
  • Donner la priorité à la sécurité des victimes-survivantes et de leurs enfants lorsqu’il s’agit d’envisager des interventions et d’agir immédiatement en cas de divulgation d’un risque de préjudice.
  • Les données relatives à tous les incidents de violence domestique doivent être enregistrées, analysées et partagées avec la direction des agences travaillant ensemble de manière régulière et appropriée.
  • Encourager la coopération avec les institutions et les autorités qui travaillent avec les auteurs de violence afin d’évaluer les risques sur une base pluriprofessionnelle et de prévenir de nouveaux incidents de violence.
  • Lors du premier contact avec les services, il convient d’obtenir le consentement éclairé de la victime-survivante afin que les informations puissent être échangées entre les agences, le cas échéant, sans retard inutile.
  • Travailler en coopération pour créer un environnement favorable qui encourage les gens à signaler les violences domestiques à la police et à d’autres professionnels et agences.
  • Respecter la confidentialité et la vie privée dans la mesure du possible et comprendre les risques associés à l’échange d’informations dans le contexte de la violence domestique.
  • Élaborer et respecter des politiques et des procédures communes pour guider l’échange d’informations entre les différentes organisations.
  • Veiller à ce que les victimes-survivantes soient traitées avec respect et dignité. En les écoutant, en croyant à leurs expériences et en leur assurant qu’elles ne sont jamais à blâmer.
  • Donner aux victimes de la violence domestique les moyens de faire des choix et de prendre des décisions en toute connaissance de cause, dans la mesure du possible. Ne prenez pas de décisions à leur place sans leur participation.
  • Veiller à ce que les services soient sensibles aux divers besoins des victimes-survivantes, compte tenu de leur âge, de leur handicap, de leur sexe, de leur race ou de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leurs convictions, de leur orientation sexuelle, mais reconnaître que ces différences ne servent pas d’excuse pour accepter ou perpétrer la violence domestique ou d’autres pratiques préjudiciables.
  • Reconnaître que les victimes-survivantes et leurs enfants sont les plus exposés lorsqu’ils tentent de quitter une relation abusive ou de chercher de l’aide.
  • Les informations relatives aux patients dans le domaine de la santé et des soins dentaires sont soumises à des règles de confidentialité. Il est important de savoir quand vous pouvez rompre la confidentialité interne et externe.
Défis associés au travail multi-agences2

Fondamentalement, les agences et les prestataires de services ont des missions, des visions, des valeurs, des buts et des objectifs organisationnels différents. Ils ont des cibles et des tâches différentes et peuvent également avoir des règles, des réglementations et des mécanismes de travail différents. Il est donc difficile pour les professionnels de ces agences de travailler ensemble au même rythme. Il peut également y avoir un manque de compréhension du rôle et des responsabilités du personnel et le langage utilisé par les individus et les organisations peut être différent, ce qui entraîne des problèmes de collaboration.

Un bon exemple pour illustrer cela est la différence de langage, de définitions et d’étiquettes utilisées pour se référer à la victime-survivante, avec diverses étiquettes utilisées, notamment « victime » (système de justice pénale), « survivant » (organisations centrées sur les femmes), « patient » (services de santé), « locataire » (services de logement), « utilisateur de service » (organismes de protection sociale) et « client » (services sociaux pour adultes). Dans le cadre du travail avec les auteurs, le terme de victime est également utilisé dans le sens du droit pénal, mais il peut également faire référence aux « parents » et aux « clients » en général.

Les données recueillies par les différents organismes ne sont pas comparables en raison des différences dans le type de données collectées, les modes d’enregistrement, le stockage et l’absence de données, ou les mécanismes de portabilité des données. Il se peut également que les différentes organisations aient une compréhension différente de ce qui constitue la violence domestique et de son impact. La forte rotation du personnel dans les organisations constitue également un obstacle et affecte la communication, car il faut du temps pour que les personnes développent des relations de confiance.

En outre, les différents services ne communiquent pas toujours entre eux et ne sont souvent pas autorisés à échanger des informations, en partie pour des raisons de protection des données, ce qui entraîne un manque de partage des informations. Par conséquent, les victimes doivent fournir à plusieurs reprises leurs informations, y compris les détails de leurs expériences d’abus, à différentes personnes dans différentes organisations. Le fait de se remémorer cette expérience peut en soi être traumatisant pour les victimes-survivantes et peut donc les dissuader d’avoir recours à une aide.


2. Évaluation des risques

L’évaluation des risques est une pierre angulaire de la prévention de la violence domestique.3 L’objectif de l’évaluation des risques de violence domestiques est de prévenir la répétition de la violence en identifiant le risque de récidive4 de l’auteur, les circonstances susceptibles d’accroître les risques de violence ainsi que les facteurs de vulnérabilité de la victime, en procédant à une évaluation des risques et en mettant en œuvre des interventions visant à gérer les sources de risques.

L’évaluation des risques est nécessaire à la planification de la sécurité de la victime et à la gestion des sources de risques:

  • Il est essentiel d’aider les victimes à évaluer leur sécurité actuelle et future, ainsi que celle de leurs enfants.
  • Souvent, les victimes ne veulent pas s’adresser immédiatement à d’autres services spécialisés ou porter plainte auprès de la police. Il est donc très important que les membres du secteur de la santé aient des connaissances de base sur l’évaluation des risques et sur la manière d’interroger et d’aider les victimes en conséquence.
  • Une évaluation complète des risques, conforme aux meilleures pratiques, implique de recueillir des informations pertinentes sur l’environnement domestique, de s’enquérir de la perception du risque par la victime et de porter un jugement professionnel sur les facteurs de risque actuels5. Cette évaluation est généralement effectuée par des services spécialisés dans l’aide aux victimes ou par la police.
  • Une évaluation des risques et un protocole clair d’orientation des victimes de blessures résultant de violences domestiques vers d’autres interventions après une visite aux urgences sont nécessaires. La divulgation de la violence domestique est également associée à certaines obligations de signalement et de notification, qui varient en fonction du groupe professionnel.
  • Cela peut concerner les obligations de signalement et de notification des groupes professionnels pédagogiques et psychosociaux en cas de suspicion de danger immédiat pour soi-même ou pour autrui et de danger pour le bien-être des enfants.
  • Les professions médicales sont également soumises à des obligations de signalement particulières, qui sont régies par les lois professionnelles respectives.

Veillez à:

  • Donner la priorité à la sécurité de la victime
  • Adopter une approche centrée sur la victime
  • Adopter une approche sensible au genre
  • Appliquer une approche intersectionnelle: « Les caractéristiques de chaque cas individuel sont prises en compte lors de l’identification des besoins individuels de sécurité des victimes, y compris le sexe et l’identité ou l’expression de genre, l’ethnicité, la race, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap, le statut de résident, les difficultés de communication, la relation ou la dépendance à l’égard de l’auteur de l’infraction et l’expérience antérieure de la criminalité
Cette vidéo en anglais est une introduction aux techniques d’évaluation des risques dans le cadre du travail avec les femmes et les enfants victimes de violence. Elle doit être utilisée conjointement avec l’introduction à la planification de la sécurité et les cadres d’évaluation des risques..

Il est fortement conseillé d’utiliser une évaluation des risques standardisée plutôt que de se fier à son intuition. De nombreuses institutions disposent d’un outil standard d’évaluation des risques qu’elles utilisent habituellement. Cet outil peut toutefois varier d’une institution à l’autre et d’un pays à l’autre.

Vous trouverez ici les instruments d’évaluation des risques les plus fréquemment utilisés au niveau international:

Évaluation du danger (ED)6 7
  • L’évaluation du danger est un instrument qui aide à déterminer le niveau de danger pour une femme maltraitée d’être tuée par son partenaire intime.
  • L’outil se compose de deux parties: un calendrier et un instrument de notation en 20 points. Le calendrier permet d’évaluer la gravité et la fréquence des violences subies au cours de l’année écoulée. La partie calendrier a été conçue comme un moyen de sensibiliser la femme et de réduire le déni et la minimisation de la violence, d’autant plus que l’utilisation d’un calendrier augmente la précision des souvenirs dans d’autres situations.
  • L’instrument de 20 questions utilise un système de pondération pour noter les réponses oui/non aux facteurs de risque associés à l’homicide par un partenaire intime. Parmi ces facteurs de risque figurent les menaces de mort passées, la situation professionnelle du partenaire et l’accès du partenaire à une arme à feu.
  • Cet outil est actuellement disponible en anglais3, en espagnol, en français canadien et en portugais brésilien.
  • Une version courte de quatre questions, appelée « Lethality Assessment », a été mise au point à l’intention des forces de l’ordre qui répondent à des appels de violence domestique. Les femmes à haut risque sont ensuite orientées vers des défenseurs formés à l’évaluation du danger.
Guide d’évaluation du risque de violence domestique (DVRAG: Domestic Violence Risk Appraisal Guide)8

Le Domestic Violence Risk Appraisal Guide (DVRAG) contient les mêmes éléments que l’Ontario Domestic Assault Risk Assessment (ODARA), mais intègre également les résultats de la psychopathy checklist-revised (PCL-R). Le DVRAG est un outil actuariel de 14 questions qui évalue la probabilité de violence entre partenaires intimes perpétrée par des hommes à l’encontre d’une partenaire féminine, et compare ce risque à celui d’autres agresseurs. Ces outils peuvent également prédire la vitesse et le nombre de récidives, ainsi que la gravité des blessures causées. Les critères généraux de notation comprennent les instructions pour la notation et l’interprétation de l’ODARA dans n’importe quel contexte.9 Le DVRAG est destiné à être utilisé par les cliniciens médico-légaux et les fonctionnaires de la justice pénale qui peuvent avoir accès à des informations approfondies.

Évaluation du risque DASH10

DASH est l’acronyme de domestic abuse, stalking and honour-based violence (violence domestique, harcèlement et violence fondée sur l’honneur). L’outil d’évaluation des risques est le résultat de la documentation de 47 homicides domestiques et du catalogage des principales variables de risque pour développer le modèle de risque DASH. La liste de contrôle DASH est utilisée par un certain nombre d’agences en Écosse, y compris la police. Cependant, elle n’a pas été introduite partout en Écosse. La liste de contrôle des risques DASH est censée être un outil simple et cohérent pour les praticiens qui travaillent avec des adultes victimes de violence domestique. Elle est censée les aider à identifier les personnes qui courent un risque élevé de préjudice et dont le cas doit être soumis à une réunion MARAC afin de gérer leur risque.

Vidéo présentant l’identification des risques dans les cas de violence domestique à l’aide de la liste de contrôle DASH RIC: www.youtube.com/watch?v=AB00K1jiFUc&t=23s

BIG 2611

Le Domestic Abuse Intervention Program (DAIP) de Duluth, Minnesota, États-Unis, a mis au point 26 questions pour évaluer le danger émanant d’un agresseur. Le modèle de Duluth souligne l’importance d’une coopération interinstitutionnelle et d’une réponse communautaire coordonnée à la violence, de la sécurité de la victime et de la responsabilisation de l’auteur de l’infraction.

DyRiAS Intimate Partner12

DyRiAS est l’acronyme de Dynamic Risk Assessment Systems (système dynamique d’évaluation des risques). DyRiAS Intimate Partner est opérationnel en Allemagne, en Autriche et en Suisse depuis janvier 2012. L’instrument mesure d’une part le risque de commettre des actes de violence grave à l’encontre du partenaire intime. D’autre part, une échelle distincte mesure le risque de violence physique légère à modérée. DyRiAS-Partenaire intime enregistre uniquement la violence dans les relations hétérosexuelles, en commençant par le (l’ancien) partenaire masculin. La durée de la relation actuelle ou passée n’a pas d’importance et peut aller d’une relation de courte durée à une relation de longue durée. Au total, le DyRiAS-Partenaire intime comprend 39 items.


Conférence multi-agences d’évaluation des risques (MARAC: Multi-Agency Risk Assessment Conference)13

Une “MARAC” est une réunion au cours de laquelle des informations sont échangées sur les cas de violence domestique les plus risqués entre des représentants de la police locale, de la santé, de la protection de l’enfance, des praticiens du logement, des conseillers indépendants en matière de violence domestique (IDVA), des services de probation et d’autres spécialistes des secteurs statutaire et bénévole. Ils parlent de la victime, de la famille et de l’auteur des violences, et échangent des informations. La réunion est confidentielle. Ensemble, les participants rédigent un plan d’action pour chaque victime. Au cœur du MARAC se trouve l’hypothèse de travail selon laquelle aucun organisme ou individu ne peut avoir une vue d’ensemble de la vie d’une victime, mais que tous peuvent avoir des informations cruciales pour sa sécurité.

Veuillez noter que les outils d’évaluation des risques utilisés varient d’un pays à l’autre. Veuillez consulter les pages nationales sur l’évaluation des risques:

Italie, Allemagne, Suède, Grèce et Autriche




3. Coopération entre agences axées sur le secteur de la santé

Description: La video (en anglais, sous-titrée en anglais) met en évidence l’influence des catastrophes sur le taux de violence domestique.
Étude de cas: La violence domestique a un impact négatif sur les enfants

Gabby a épousé son mari Nick après une longue relation et s’est installée peu après dans la ferme familiale de son mari. Le couple était heureux à la ferme et a bientôt eu son premier enfant. Pendant la grossesse, le comportement de Nick a commencé à changer et, à la naissance de leur fille, leur relation n’était plus ce qu’elle était auparavant. Nick semblait renfermé et passait de longs moments seul. Nick a commencé à rappeler à Gabby son beau-père, qui avait toujours été sévère dans la vie.

Le comportement de Nick est devenu menaçant et contrôlant, en particulier en ce qui concerne l’argent et les contacts sociaux. Il est de plus en plus agressif dans les disputes, crie souvent et lance des objets dans la pièce. Gabby pensait que, comme il ne la blessait pas physiquement, son comportement ne relevait pas de la maltraitance. Nick ne montrait pas beaucoup d’intérêt pour leur fille Jane, sauf en public, où il apparaissait comme un père adorable et aimant.

Jane était généralement une enfant bien élevée, mais Gabby s’est aperçue qu’elle ne pouvait pas la confier à quelqu’un d’autre. Jane pleurait et devenait visiblement angoissée lorsque Gabby la confiait à quelqu’un d’autre pour qu’elle soit soignée. Cette situation était stressante pour Gabby et limitait ses activités sociales.

Jane a mis beaucoup de temps à ramper, à marcher et à commencer à parler. Ses habitudes de sommeil étaient interrompues et Gabby ne dormait souvent pas toute la nuit, même lorsque Jane avait plus de 12 mois. Lorsque Jane a commencé à parler, elle a commencé à bégayer, ce qui a encore entravé le développement de son langage. Gabby s’inquiétait beaucoup pour Jane. Leur médecin de famille lui a dit que c’était normal pour certains enfants et que, si les problèmes d’élocution persistaient, elle pourrait toujours envoyer Jane chez un spécialiste à une date ultérieure.

Après un certain nombre d’années, le comportement de Nick est devenu inacceptable pour Gabby. Lors des disputes, il brandissait le fusil qu’il utilisait à des fins agricoles, ce que Gabby trouvait très menaçant. À plusieurs reprises, des objets lancés par Nick ont frappé Gabby, qui a eu de plus en plus peur pour sa fille. Gabby a décidé de partir et a consulté le service local des femmes, qui l’a aidée à obtenir une ordonnance d’intervention contre Nick.

Une fois que Gabby a éloigné Jane de Nick, son comportement a changé. Le développement de Jane semblait s’accélérer et Gabby ne comprenait pas pourquoi. Dans le cadre de sa consultation auprès d’un service local pour les femmes, elle a abordé cette question et son conseiller a reconnu que le retard de développement, le bégaiement, l’irritation et l’angoisse de séparation étaient des effets de la situation de violence dans laquelle se trouvait Jane auparavant.

Cela peut être considéré comme une occasion manquée d’identifier la violence familiale. Si le médecin de famille avait interrogé Gabby ou Nick (qui s’était présenté avec des douleurs dorsales chroniques) sur leur relation, sur ce qui arrivait à la famille, et en particulier à Jane, la situation aurait pu être identifiée beaucoup plus tôt.

Tâches de réflexion

a) Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait par les personnes impliquées?
b) Prenez le temps de réfléchir aux agences et aux professionnels qui auraient dû être impliqués dans le soutien et/ou la fourniture de services à Gabby dès le début.
c) Dressez une liste des différents professionnels qui composent l’équipe pluridisciplinaire de votre organisation et qui pourraient être impliqués dans la prestation de services aux victimes de violence domestique (cette liste variera en fonction de votre lieu d’implantation).

Le large éventail de professionnels, de services prestataires et d’agences spécialisées qui peuvent être impliqués dans le soutien aux victimes-survivantes de la violence domestique peut inclure – sans s’y limiter – les services de soins de santé primaires et secondaires, les services de santé mentale, les services de violence sexuelle, les services sociaux, les agences de justice pénale, la police, la probation, la justice pour mineurs, la toxicomanie, les agences spécialisées dans la violence domestique, les services de l’enfance, les services de logement et l’éducation.

Adapté d’une étude de cas du RACGP (2014): Abuse and Violence: Working with our patients in general practice


Les professionnels de la santé ont une responsabilité importante dans la reconnaissance et le traitement des cas de violence domestique. Cinq thèmes clés contribuent à préparer les professionnels de la santé à lutter efficacement contre la violence domestique:

  • Faire preuve d’engagement;
  • Adopter un état d’esprit de plaidoyer;
  • Établir des relations de confiance;
  • S’engager dans un travail d’équipe collaboratif;
  • et recevoir le soutien du système de santé.

Ces éléments constituent la base du modèle CATCH, qui signifie Engagement, Plaidoyer, Confiance, Collaboration et Soutien au système de santé.

Le modèle CATCH et le modèle des étapes du changement peuvent constituer des ressources précieuses pour les formateurs qui souhaitent concevoir des programmes éducatifs adaptés aux différents niveaux de préparation pour s’engager efficacement dans ce travail. En outre, ces modèles peuvent aider les gestionnaires et les responsables de programmes dans le domaine de la violence domestique à comprendre à la fois les forces et les résistances potentielles au sein de leur personnel.


4. Procédure pénale en cas de violence domestique

Dans la procédure pénale pour les cas de violence domestique, plusieurs étapes essentielles sont suivies pour garantir une réponse complète et juste.

  • La violence domestique se produit: tout d’abord, la procédure commence généralement lorsqu’un incident de violence domestique se produit dans un cadre domestique ou familial ou dans une (ancienne) relation. Il peut s’agir de diverses formes de violence, notamment physique, psychologique, sexuelle, numérique ou financière.
  • Procès-verbal: le signalement de l’incident est souvent effectué par la victime ou une partie concernée, et sert à lancer officiellement la procédure judiciaire. Le signalement peut être une décision difficile à prendre pour une victime, et la décision de la victime de ne pas signaler l’incident doit être respectée. Toutefois, le fait de signaler la violence peut constituer une étape importante pour obtenir de l’aide et demander des comptes aux auteurs. Dans certains pays européens, par exemple en France, l’enquête de police se poursuit même si la victime ne souhaite pas porter plainte.
  • Documentation: la documentation consiste à recueillir les déclarations de la victime, des témoins et de l’auteur présumé. Outre les récits verbaux, les agents peuvent recueillir des preuves matérielles, telles que des photographies des blessures, et mettre en lieu sûr tout document ou objet pertinent susceptible d’être utilisé comme preuve devant un tribunal.
  • Soutien: les victimes bénéficient simultanément d’un soutien et d’une protection immédiats. Il peut s’agir de soins médicaux pour les blessures, de services de conseil ou de refuges pour assurer leur sécurité. Des travailleurs sociaux ou des organisations de soutien peuvent intervenir pour répondre aux besoins émotionnels et pratiques de la victime pendant cette période difficile.
  • L’enquête: l’enquête est une phase critique du processus. Les services répressifs procèdent à un examen approfondi de l’affaire, dans le but de constituer un dossier complet. Il s’agit de recueillir des preuves supplémentaires, d’interroger les témoins et d’évaluer la crédibilité de toutes les parties impliquées. L’objectif est de déterminer s’il existe des preuves suffisantes pour justifier des poursuites pénales à l’encontre de l’auteur présumé de l’infraction.
  • Les poursuites: enfin, si l’enquête apporte suffisamment de preuves, l’affaire est transmise au bureau du procureur. Les procureurs examinent l’affaire et décident s’il y a lieu d’engager des poursuites à l’encontre de l’auteur présumé. Si des poursuites sont engagées, la procédure judiciaire suit son cours. Cela peut impliquer des audiences, des procès et des sanctions potentielles pour l’accusé, dans le but ultime de garantir la justice, de protéger les droits de l’homme et d’assurer la sécurité des citoyens.

L’illustration suivante montre les différentes étapes de la procédure pénale dans les cas de violence domestique et explique comment elles sont liées:


5. Procédures pénales nationales

Les procédures pénales varient d’un pays à l’autre. Les procédures pénales appliquées dans les cas de violence domestique en Autriche, en Allemagne, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Finlande, en France, au Portugal, en Espagne, en Autriche et en Suède en sont un bon exemple:

Please click on each cross in the corresponding circle to receive further information on the national criminal procedures.


6. Excursus: La violence domestique en cas de catastrophe16

Description: The video highlights the influence of disasters on the rate of domestic violence.

Quarantaine, restrictions, écoles fermées, bureau à domicile, chômage partiel, soucis financiers et peur de l’avenir – tous ces facteurs sont susceptibles d’accroître le stress dans les relations et la vie de famille. On peut donc penser qu’il y a eu et qu’il y aura encore une augmentation significative de la violence à la maison. Pour illustrer l’impact des catastrophes, l’étude de cas COVID-19 est présentée ici.

Parmi les facteurs de risque d’une augmentation de la violence domestique, on peut citer:

  • Les problèmes de santé et de santé mentale augmentent pendant une situation de confinement, car les services de santé ne sont accessibles que dans une mesure limitée. Cette situation a un impact négatif sur l’état de santé des individus, augmente leur niveau de stress et se traduit souvent par une augmentation des agressions violentes.
  • L’insécurité économique ou le chômage, accompagnés de soucis financiers, peuvent renforcer les mécanismes d’adaptation destructeurs.
  • La violence est toujours liée au pouvoir. En période de crise et d’isolement, avec les sentiments d’impuissance et de perte de contrôle qui en découlent, la violence est censée être un moyen de reprendre le contrôle et le pouvoir.
  • Les barrières linguistiques, la fermeture des points de contact ou le fait que les travailleurs sociaux ne soient présents sur place que dans une mesure limitée en raison des mesures de protection peuvent rendre l’accès aux services d’aide considérablement plus difficile.
  • Les victimes étaient également réticentes à profiter des services d’aide par crainte de contracter le COVID-19.
  • La distanciation sociale peut limiter les contacts sociaux des individus à tel point que les victimes n’osent pas demander de l’aide sans la proximité et les encouragements des soignants. De même, les soignants, les connaissances ou les personnes extérieures, telles que les employeurs ou le personnel éducatif, ne sont pas au courant du problème et ne peuvent pas apporter leur soutien. En revanche, les voisins sont plus vigilants et plus présents et, en raison des restrictions initiales, doivent être considérés comme un facteur de protection
La violence domestique pendant la pandémie de COVID-19 dans les pays de l’UE17

Pendant la pandémie de COVID-19, une augmentation de la violence domestique a été signalée dans les pays de l’UE.

Les signalements à la police sont souvent reçus avec un certain retard ou ne sont pas signalés du tout. En outre, les incidents sont plus souvent signalés par des personnes proches des victimes. En outre, les restrictions liées à la directive COVID-19 ont empêché les signalements en raison de l’absence de contacts sociaux. Il est donc possible que plus de cas que d’habitude n’aient pas été détectés. Par conséquent, on peut supposer qu’il existe un nombre élevé de cas non signalés.

Cette logique peut expliquer pourquoi, en plus d’une augmentation des cas de violence domestique signalés dans de nombreuses régions, le nombre de cas a diminué dans d’autres. Cela pourrait être dû au fait que l’auteur des violences était toujours présent au domicile, de sorte que la victime n’avait pas la possibilité d’appeler à l’aide et/ou de signaler un délit sans risquer une escalade.

Le document intitulé “The COVID-19 pandemic and intimate partner violence against women in the EU18 offre un aperçu préliminaire des mesures prises dans l’UE pour soutenir les victimes de violence pendant l’épidémie de COVID-19 (de mars à fin septembre 2020). Il identifie des exemples de pratiques prometteuses et fournit des recommandations initiales à l’intention de l’UE et des États membres sur la manière de mieux soutenir les victimes pendant la pandémie, ainsi que lors d’autres crises potentielles.

Recommandations pour combattre et mieux détecter la violence domestique pendant la pandémie

Les mesures de confinement visant à contenir le COVID-19 au printemps 2020 ont également attiré l’attention du public et de la police sur la question de la violence domestique. Les médias, les milieux politiques et les ONG ont rapporté que dans les conditions de la grippe COVID-19, les femmes et les enfants en particulier sont victimes d’une violence accrue. L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE: European Institute for Gender Equality) a également soutenu les appels lancés à l’UE et à ses États membres pour qu’ils profitent de la pandémie de COVID-19 pour intensifier leurs efforts en vue de protéger les droits des femmes. 19

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ONU Femmes ont souligné l’importance de la collecte de données pendant la pandémie de COVID-19, qui est un outil crucial pour atténuer les effets négatifs sur les femmes et les filles touchées par la violence, et pour développer des stratégies de prévention pour les crises futures. Pour l’avenir, il est essentiel que la recherche fournisse des politiques et des réponses pratiques immédiates et à plus long terme.20 21

Les recommandations suivantes ont été formulées:

  • Les autorités chargées de l’application de la loi doivent veiller à ce que les incidents de violence domestique soient traités en priorité et à ce que les manifestations de violence associées à COVID-19 soient prises en compte.
  • Le secteur de la santé doit toujours veiller à ce que les victimes de violence domestique aient accès aux informations et aux services de santé sexuelle et génésique.
  • Les services d’aide du secteur social devraient proposer davantage de services d’aide en ligne en cas de crise, tels que des lignes d’assistance téléphonique et des chats. Les services de soins d’urgence et de garde d’enfants devraient être étendus à toutes les familles, et pas seulement aux parents qui occupent des emplois importants sur le plan systémique.
Comment soutenir les victimes de violences domestiques pendant une pandémie?
  • Si les victimes de violence domestique ne veulent pas se tourner vers la police ou les services d’aide parce qu’elles n’ont pas confiance dans les institutions publiques ou parce qu’elles ont déjà eu de mauvaises expériences, le premier pas pour sortir de la situation de violence peut être fait grâce aux lignes d’assistance téléphonique ou aux chats, si cela peut se faire en toute sécurité à la maison. Une aide supplémentaire est possible par la suite.
  • Il est important que les victimes soient toujours conscientes qu’elles ne sont jamais à blâmer et que ce qui se passe est mal. Une déclaration claire et une condamnation de la violence domestique dans les médias – en particulier en période de pandémie – aident les personnes concernées à rechercher une aide supplémentaire.
  • Les inquiétudes concernant les conséquences économiques d’une séparation peuvent empêcher les victimes de violence domestique de trouver un moyen de sortir de leur situation. Certaines victimes sont financièrement dépendantes de leur partenaire, par exemple parce qu’elles ne sont plus en mesure d’exercer un emploi rémunéré pour s’occuper des membres de leur famille et des enfants, ou parce qu’elles ont été licenciées au cours de la pandémie de COVID-19. Certains pays, comme l’Allemagne, disposent d’un système d’assistance qui fonctionne pour atténuer les difficultés financières des victimes de violence domestique après une séparation. Ce n’est pas le cas dans d’autres pays.
  • Des informations écrites sur la violence dans les relations intimes et la violence domestique devraient être disponibles dans les espaces publics sous la forme d’affiches et de brochures ou de dépliants mis à disposition dans les espaces privés tels que les toilettes (avec des avertissements appropriés de ne pas les ramener à la maison si l’auteur de la violence s’y trouve). Il peut être utile de proposer un code QR qui renvoie à un site web contenant des informations complémentaires. Les affiches, brochures ou dépliants doivent s’adresser aux femmes et aux hommes victimes de violence domestique et ne pas utiliser de stéréotypes. La désignation de personnes de contact concrètes sur place et la mise à disposition de numéros de téléphone de centres de conseil ou de sites web offrant des conseils (anonymes) peuvent aider les victimes de violence domestique à chercher de l’aide.
  • En cas de menace grave, les victimes doivent appeler le numéro d’urgence de la police. Elles doivent indiquer leur nom, leur adresse, d’autres informations et, si nécessaire, le fait que l’auteur de la violence possède une arme, et insister sur le fait qu’elles ont besoin d’aide immédiatement. En attendant l’arrivée de la police, les victimes et les enfants éventuels doivent se mettre à l’abri, par exemple chez des voisins ou dans des magasins.

Sources

  1. https://www.improdova.eu/pdf/IMPRODOVA_D2.4_Gaps_and_Bridges_of_Intra-_and_Interagency_Cooperation.pdf?m=1585673383& ↩︎
  2. https://www.improdova.eu/pdf/IMPRODOVA_D2.4_Gaps_and_Bridges_of_Intra-_and_Interagency_Cooperation.pdf?m=1585673383& ↩︎
  3. Kropp, P. R. (2004). Some Questions Regarding Spousal Assault Risk Assessment. Violence Against Women, 10(6), 676–697. https://doi.org/10.1177/1077801204265019 ↩︎
  4. Svalin, K. & Levander, S. (2019). The Predictive Validity of Intimate Partner Violence Risk Assessments Conducted by Practitioners in Different Settings—a Review of the Literature. Journal of Police and Criminal Psychology. 35. https://doi.org/10.1007/s11896-019-09343-4. ↩︎
  5. https://www.improdova.eu/pdf/IMPRODOVA_D2.3_Risk_Assessment_Tools_and_Case_Documentation_of_Frontline_Responders.pdf?m=1585673380& ↩︎
  6. Campbell, J. C., Webster, D. W., & Glass, N. (2009). The Danger Assessment: Validation of a Lethality Risk Assessment Instrument for Intimate Partner Femicide. Journal of Interpersonal Violence, 24(4), 653-674. https://doi.org/10.1177/0886260508317180 ↩︎
  7. https://www.dangerassessment.org/About.aspx ↩︎
  8. Hilton, N. Z., Harris, G. T., Rice, M. E., Houghton, R., & Eke, A. W. (2008). An indepth actuarial risk assessment for wife assault recidivism: The Domestic Violence Risk Appraisal Guide. Law and Human Behavior, 32, 150-163. doi:10.1007/s10979-007-9088-6. ↩︎
  9. https://books.google.co.uk/books?id=p1JoYbAAN7QC&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false ↩︎
  10. https://safelives.org.uk/practice-support/resources-identifying-risk-victims-face ↩︎
  11. For more details see: https://www.theduluthmodel.org/ ↩︎
  12. https://www.dyrias.com/en/ ↩︎
  13. www.safelives.org.uk, p. 1, https://safelives.org.uk/sites/default/files/resources/MARAC%20FAQs%20General%20FINAL.pdf ↩︎
  14. Hegarty K, McKibbin G, Hameed M, Koziol-McLain J, Feder G, Tarzia L, Hooker L. Health practitioners’ readiness to address domestic violence and abuse: A qualitative meta-synthesis. PLoS One. 2020 Jun 16;15(6):e0234067. doi: 10.1371/journal.pone.0234067. PMID: 32544160; PMCID: PMC7297351. ↩︎
  15. Hegarty K, McKibbin G, Hameed M, Koziol-McLain J, Feder G, Tarzia L, Hooker L. Health practitioners’ readiness to address domestic violence and abuse: A qualitative meta-synthesis. PLoS One. 2020 Jun 16;15(6):e0234067. doi: 10.1371/journal.pone.0234067. PMID: 32544160; PMCID: PMC7297351. ↩︎
  16. Kersten, J., Burman, M., Houtsonen, J., Herbinger, P., & Leonhardmair, N. (Eds.). (2023). Domestic Violence and COVID-19: The 2020 Lockdown in the European Union. Springer. ↩︎
  17. European Institute for Gender Equality (EIGE), « The COVID-19 pandemic and intimate partner violence in the EU », European Institute for Gender Equality, 2021 https://eige.europa.eu/sites/default/files/documents/20210224_mhna30566enn_pdf.pdf ↩︎
  18. https://eige.europa.eu/sites/default/files/documents/20210224_mhna30566enn_pdf.pdf ↩︎
  19. https://eige.europa.eu/printpdf/news/eu-rights-and-equality-agency-heads-lets-step-our-efforts-end-domestic-violence ↩︎
  20. https://www.unwomen.de/aktuelles/corona-eine-krise-der-frauen.html ↩︎
  21. https://www.unwomen.de/fileadmin/user_upload/Corona/gender-equality-in-the-wake-of-covid-19-en.pdf ↩︎