Bienvenue dans le module 3 intitulé « Communication dans les cas de violences intrafamiliales« . Ce module approfondira les aspects cruciaux de la communication dans les situations de violence domestique. Comprendre les complexités inhérentes à la révélation de la violence, utiliser des stratégies de communication efficaces et développer des réponses appropriées sont essentiels pour proposer une assistance efficace et complète aux victimes.
Objectifs pédagogiques
+ Comprendre les obstacles qui peuvent dissuader les individus de révéler la violence domestique.
+ Maîtriser la mise en œuvre de stratégies de communication adaptées aux défis spécifiques posés par les cas de violence domestique.
+ Savoir utiliser des questions de dépistage pour identifier les situations de violence domestique.
+ Réagir de manière appropriée et empathique aux révélations de violence domestique, afin que les victimes se sentent soutenues et comprises.
+ Maîtriser l’utilisation de méthodes de communication visuelle pour améliorer l’interaction dans les cas de violence domestique.
+ Connaître les démarches à engager lorsque les victimes révèlent des actes de violence.
1. Obstacles à la divulgation de la violence subie
Les personnes victimes de violence domestique peuvent être confrontées à divers problèmes qui les empêchent de parler ouvertement de leur situation.
Veuillez cliquer sur les croix situées sous chaque terme de l’illustration pour obtenir de plus amples informations sur certains obstacles courants:
A retenir:Les victimes de violence domestique proviennent de tous les horizons sociaux, culturels, économiques et religieux, avec des différences d’âge, de sexe et d’orientation sexuelle, y compris des personnes handicapées. La violence domestique touche des individus de tous les niveaux socio-économiques et éducatifs. Il est crucial de comprendre qu’il n’existe pas de « victime type ».
Bien que de nombreux exemples montrent souvent une femme victime dans des relations hétérosexuelles, il ne faut pas s’y tromper : les victimes peuvent être des hommes, des enfants, des personnes handicapées ou non binaires. Les agresseurs peuvent également être de tout sexe. Pour plus d’informations sur les agresseurs, consultez le Module 1. La violence domestique peut se produire entre partenaires, couples de même sexe, parents et enfants, frères et sœurs, oncles, tantes, cousins, grands-parents ou même colocataires.
2. Stratégies de communication
Pour encourager une communication respectueuse et ouverte portant sur la violence subie, il est impératif de garantir aux victimes un espace privé sans la présence d’accompagnateurs (partenaire, enfants, autres membres de la famille ou soignants non familiaux). Cela permet au patient de s’exprimer librement et en toute sérénité. De manière générale, il est bénéfique d’utiliser des déclarations à la première personne du singulier. Ces déclarations peuvent être employées spécifiquement pour traiter les doutes ou les hésitations d’une victime durant la consultation ou lorsque le temps imparti à celle-ci est limité.
Veuillez cliquer sur les croix situées sous chaque terme de l’illustration pour obtenir de plus amples informations:
3. Questions de dépistage des violences intrafamiliales
Il est primordial de s’enquérir de la violence domestique par le biais de questions de dépistage tout en évitant d’exacerber le risque de préjudice pour les victimes et leurs enfants. Le processus de dépistage doit débuter par une déclaration de cadrage visant à introduire et à normaliser les questions.2
Barrières linguistiques et culturelles : En cas de difficultés linguistiques, il convient de tout mettre en œuvre pour que le dépistage se déroule dans la langue préférée de la victime, en tenant compte des barrières culturelles durant ce processus.
Questions comportementales : Poser des questions relatives au comportement qui sollicitent des descriptions de comportements plutôt que de se concentrer uniquement sur l’impact ou la signification des comportements.
Présentation des questions : Présentez les questions de manière calme et pragmatique. Si les réponses ne sont pas claires, demandez brièvement des éclaircissements en posant des questions supplémentaires.
Expression de gratitude : Exprimez toujours votre gratitude pour les informations fournies.3
A retenir: Il est essentiel d’explorer différentes approches pour déterminer celle qui convient le mieux, en gardant à l’esprit que chaque victime peut réagir différemment aux diverses méthodes employées.
Commencer par des questions d’ordre général
Commencez par poser des questions générales et utilisez des déclarations introductives pour aborder le sujet de la violence avant de poser des questions directes. Les questions ouvertes doivent être formulées pour encourager la victime à s’exprimer plutôt que de répondre par oui ou non. Évitez les questions qui pourraient impliquer une responsabilité de la victime.
Ce qu’il faut dire
« Pouvez-vous me décrire comment se déroule la vie à la maison? »
« Comment qualifieriez-vous votre relation avec votre partenaire? »
« Je sais que de nombreuses personnes rencontrent des problèmes de violence avec leur partenaire, d’autres membres de leur famille ou une autre personne vivant sous le même toit. Est-ce que cela pourrait être votre cas? »
Aménagez un moment de silence, permettant à l’individu de rassembler ses pensées. Faites preuve de patience et agissez avec calme. Montrez que vous écoutez attentivement, que ce soit par des hochements de tête ou des acquiescements verbaux tels que « hmm… ». Validez les émotions et encouragez la victime à partager son histoire à un rythme qui lui convient.
Ce qu’il faut dire
“Je ne sais pas si cela pose un problème pour vous, mais beaucoup de personnes sont confrontées à des relations abusives. Certaines ont trop peur ou sont trop mal à l’aise pour en parler elles-mêmes, donc j’ai commencé à poser la question de manière tout à fait anodine.”4
“La violence touche de nombreuses familles. La violence à la maison peut entraîner des problèmes physiques et émotionnels pour vous et votre enfant. Nous offrons des services à toute personne pouvant être concernée par la violence chez elle.”5
Ce qu’il ne faut pas dire
“Je vous pose des questions sur la violence parce que seules les femmes en sont victimes.”
Poser des questions directes
Voici quelques questions simples et directes que vous pouvez commencer à poser. Elles montrent que vous voulez entendre parler de ses problèmes. En fonction de ses réponses, continuez à poser des questions et écoutez son histoire. Si la réponse à l’une de ces questions est « oui », proposez votre soutien. Ne dites pas à la victime que ce n’est pas si grave ou ne minimisez pas la douleur.
Ce qu’il faut dire
“Ressentez-vous parfois de la peur chez vous ou dans votre relation?”
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison vous a-t-il déjà menacé de vous faire du mal ou de vous blesser physiquement de quelque manière que ce soit ? Si oui, quand cela s’est-il produit?”
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison essaie-t-il de vous contrôler, par exemple en vous empêchant d’avoir de l’argent ou de sortir de la maison?”
Autres exemples:
“Avez-vous déjà été pressé(e) ou contraint(e) de faire quelque chose de sexuel que vous ne vouliez pas faire?”6
“Au cours de l’année écoulée, quelqu’un vous a-t-il frappé(e), donné des coups de pied, des coups de poing ou vous a-t-il fait du mal d’une manière ou d’une autre ? Si oui, de qui s’agit-il?”
“Vous sentez-vous en danger dans votre relation actuelle?”7
“Un partenaire d’une relation antérieure vous fait-il sentir en danger aujourd’hui?”8
“Vous êtes-vous déjà senti(e) contrôlé(e) ou isolé(e) par un proche?”9
“Avez-vous un endroit sûr où aller en cas d’urgence?”10
“Votre partenaire ou quelqu’un d’autre à la maison essaie-t-il parfois de vous contrôler en menaçant de vous faire du mal ou de faire du mal à votre famille?”11
“Avez-vous déjà été giflé(e), poussé(e) ou bousculé(e) par un proche?”
Ce qu’il ne faut pas dire
“Pourquoi vivez-vous encore avec votre partenaire ou un membre de votre famille qui vous traite de la sorte?”
“Auriez-vous pu éviter cette situation?”“Êtes-vous victime de violence domestique?”12
“Vous avez de la chance qu’il ne se soit rien passé de pire.”“Pourquoi avez-vous fait ça…?”
Si vous avez besoin d’un interprète:
Ne demandez jamais à un ami ou une personne de la famille de la victime d’assurer l’interprétariat.
Il est préférable de faire appel à un interprète professionnel ayant reçu une formation en matière de violence domestique ou à un défenseur affilié à une agence locale spécialisée dans la violence domestique.
Choisissez un interprète du même sexe que le patient et envisagez de lui faire signer un accord de confidentialité afin de préserver la vie privée et la confiance.
Recommandations sur la manière de travailler avec les interprètes via ces liens:
Le choix de révéler son expérience de violence domestique est profondément personnel, et les victimes peuvent décider de ne pas en parler pour diverses raisons, telles que des préoccupations liées à leur sécurité, la peur des conséquences potentielles ou un manque de confiance, entre autres. Les professionnels peuvent soutenir les victimes de violence domestique en plaidant pour elles et en s’appuyant sur leur résilience et leurs points forts.13
Lorsqu’une personne s’ouvre, écoutez-la activement sans la juger ni lui proposer de solutions, en lui donnant l’espace nécessaire pour exprimer ses besoins. Vous pouvez chercher à obtenir des éclaircissements en posant des questions, mais vous devez surtout permettre à la personne de partager ses émotions. Utilisez les techniques suivantes pour l’aider à exprimer ses besoins, afin de mieux la comprendre.
Responsabiliser la victime
Il faut aider la victime à identifier et exprimer ses besoins et préoccupations. Laissez le silence s’installer dans la conversation. Si la personne pleure, donnez-lui suffisamment de temps pour se reprendre.
Évitez de poser des questions commençant par « pourquoi ».
Ce qu’il faut dire
“Quand vous avez dit plus tôt que votre partenaire ou autre membre de votre famille s’en prenait à vous [référence à un comportement évoqué précédemment], pourriez-vous m’expliquer, si cela vous est possible, ce que cela signifie?”14
“Y a-t-il quelque chose dont vous avez besoin ou qui vous préoccupe?”
Ce qu’il ne faut pas dire
“Pourquoi avez-vous fait cela? »
« Pourquoi avez-vous contrarié votre partenaire/membre de votre famille? »
Évitez de finir les réponses à la place de la personne.15
Instaurer un climat de confiance et faire preuve d’empathie:
Assurez-vous de bien comprendre ce que la victime partage en répétant ses propos pour confirmer votre compréhension. Reflétez les émotions qu’elle exprime et résumez ses préoccupations. Évitez de poser des questions suggestives au cours de la conversation.
Ce qu’il faut dire
« Vous avez mentionné que vous vous sentez très frustré(e). »
« Il semble que vous soyez en colère à ce sujet… »
« Vous semblez dire que… »
Ce qu’il ne faut pas dire
« J’imagine que cela vous bouleverse, n’est-ce pas? »
Ne regardez pas votre montre et ne parlez pas trop rapidement. Ne répondez pas au téléphone, ne regardez pas votre ordinateur et n’écrivez pas.16
Valider les émotions de la victime
Assurez à l’autre personne que ses émotions sont normales, créez un environnement sécurisé où elle peut les partager librement, et rappelez-lui qu’elle a droit à une vie sans violence ni peur. Valider consiste à écouter attentivement, comprendre, et croire en ce que l’autre exprime, sans jugement ni conditions.
Ce qu’il faut dire
« Vous n’êtes, en aucun cas,responsable. Vous n’avez rien à vous reprocher. »
“Il est normal d’en parler.”
“Il est possible d’obtenir de l’aide. » [À dire uniquement si c’est vrai]
Autres exemples
« Il n’y a aucune justification ou excuse pour ce qui s’est passé. »
« Personne ne mérite d’être frappé par son partenaire ou un membre de sa famille dans une relation. »
« Vous n’êtes pas seule. Malheureusement, beaucoup d’autres personnes ont été confrontées à ce même problème. »
« Votre vie et votre santé sont précieuses. »
« Tout le monde mérite de se sentir en sécurité chez soi. »« Je crains que cela n’affecte votre santé. »
Ce qu’il ne faut pas dire
“Cessez de vous sentir si mal, cela pourrait être pire.”
“Ce sentiment finira par passer, ne vous inquiétez pas.”
Apporter son soutien
Assurez-vous de ne pas porter de jugement et de ne pas donner de conseils non sollicités. Insistez sur le fait qu’il n’y a aucune excuse pour les comportements violents et prenez la victime au sérieux. Faites preuve d’empathie, analysez ses expériences et aidez-la à reconnaître et exprimer ses besoins et préoccupations.
Ce qu’il faut dire
“Je sais qu’il est difficile d’en parler, mais je suis là pour vous écouter.”
“Vous n’êtes pas seule, je suis là pour vous.”
“Vous n’êtes pas responsible de ce qui se passe.”
Autres exemples
“La violence n’est jamais acceptable et vous ne la méritez pas.”
“Merci de me faire confiance et de partager vos sentiments.”“Y a-t-il quelque chose dont vous avez besoin ou qui vous préoccupe?”
Ce qu’il ne faut pas dire
“Vous devriez absolument divorcer”
“Je pense que cela correspond à un comportement typique des hommes et des femmes et qu’il n’y a pas lieu de réagir de manière excessive.”
Ne faites pas allusion à l’histoire de quelqu’un d’autre et ne parlez pas de vos propres problèmes.17
Eviter la confrontation
Si la victime n’est pas prête à parler de la situation, ne la forcez pas. Sachez reconnaître le bon moment et faites-le-lui savoir. Ne mettez pas la pression.
Ce qu’il faut dire
« Je suis là pour vous aider et je suis disponible, même si je comprends que vous ne voulez pas en parler maintenant. »
“Rappelez-vous que vous n’êtes pas seule. Je serai là pour vous quand vous serez prête. »
Ce qu’il ne faut pas dire
“Même si vous vous sentez mal à l’aise, il est préférable d’en parler. Alors, répondez à mes questions.”
Laisser la personne prendre ses propres décisions
Évitez de juger la capacité de la victime à prendre des décisions, afin d’éviter qu’elle ne perde confiance en vous. L’encouragement et la demande sont les clés.
Ce qu’il faut dire
“Comment puis-je vous apporter le soutien nécessaire?”
“Que puis-je faire pour vous aider à être plus en sécurité?”
Ce qu’il ne faut pas dire
“A votre place, je porterais plainte.”
Proposer des ressources pour trouver de l’aide
Faites connaître à la personne les services spécialisés dans la lutte contre la violence domestique qui peuvent lui apporter un soutien professionnel. Évitez les déclarations accusatrices ou condamnantes.
Ce qu’il faut dire
Fournissez les moyens pour obtenir de l’aide
Faites connaître à la personne les services spécialisés dans la lutte contre la violence domestique qui peuvent lui apporter un soutien professionnel.
Évitez les déclarations accusatrices ou condamnantes.
Ce qu’il ne faut pas dire
“Vous devez absolument appeler ce numéro et quitter votre agresseur immédiatement!”
“Pourquoi n’avez-vous pas quitté cette personne depuis longtemps?”
“Si vous étiez venu(e) plus tôt, j’aurais pu mieux vous aider”
Etapes suivantes:
Discutez avec la victime des mesures de sécurité et de l’évaluation des risques. Vous trouverez plus d’informations dans le Module 5: Évaluation du risque et planification de la sécurité.
Après la révélation de la violence domestique, fournissez des informations sur l’aide offerte par les services sociaux. Vous trouverez plus d’informations dans le Module 4: Services d’aide du secteur social.
Vous trouverez ici plus d’informations sur les procédures pénales à suivre après une dénonciation à la police ici.
5. Questions fréquentes dans le contexte de la violence domestique
Voici des réponses à certaines questions qui peuvent se poser lorsque l’on se retrouve face à des victimes de violence domestique.18
“Que puis-je faire lorsque j’ai peu de ressources et peu de temps?”
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de temps ou de ressources : une simple phrase peut suffire pour faire savoir à la victime qu’elle n’est pas seule, que la violence n’est jamais une option et qu’elle peut obtenir de l’aide si elle le souhaite. Informez-vous sur les ressources du système de santé et de la communauté qui peuvent l’aider.
“Pourquoi ne faut-il pas donner de conseils?”
Il est essentiel pour les victimes d’être écoutées et de pouvoir raconter leur histoire à une personne empathique. La plupart des victimes ne veulent pas qu’on leur dise quoi faire. Écouter attentivement et répondre avec empathie est souvent la chose la plus utile que vous puissiez faire. Les victimes doivent trouver leur propre voie et prendre leurs propres décisions. En parler peut les aider à le faire. Cependant, fournissez des informations (par exemple, par le biais de brochures) sur les ressources disponibles (par exemple, une aide financière, les coordonnées d’un centre d’accueil).
“Pourquoi les victimes de violence ne quittent tout simplement pas leur bourreau?”
De nombreuses raisons poussent les victimes à rester dans une relation violente. Il est important de ne pas les juger et de ne pas les inciter à partir. Elles doivent prendre cette décision elles-mêmes, en leur temps. Les raisons de ne pas partir sont liées aux facteurs suivants:
La dépendance financière/sociale, etc. peut être ressentie. Certaines personnes dépendent de leurs bienfaiteurs financiers.
La perception que la violence est normale dans les relations, et que chaque partenaire (ou autre membre de la famille) sera violent et contrôlant à un moment donné, tout en pensant que cette violence est méritée.
Peur d’une réaction violente en cas de départ.
Sentiment qu’il n’y a pas d’endroit où aller ou personne vers qui se tourner pour obtenir du soutien.
Vous trouverez plus d’informations sur la dynamique de la violence domestique dans le Module 1.
“Comment cette personne s’est-elle retrouvée dans cette situation?”
Il est crucial d’éviter de blamer la victime pour ce qui s’est passé. La violence n’est jamais appropriée, quelle que soit la situation. Il n’y a pas d’excuse ou de justification à la violence. Personne ne mérite d’être blessé.
“Ce n’est pas ce qu’on nous a appris.”
Ajoutez une dimension humaine en écoutant, en identifiant les besoins et les préoccupations des victimes, en renforçant leur soutien social et en améliorant leur sécurité. Aidez-les à voir et envisager les options qui s’offrent à elles et à sentir qu’elles ont la force de prendre et de mettre en œuvre des décisions importantes.
“Que se passe-t-il s’ils décident de ne pas porter plainte à la police?”
Respectez leur décision. Faites-lui savoir qu’il peut changer d’avis. Informez-la qu’il existe quelqu’un à qui elle peut parler de ses options et qui l’aidera à porter plainte si elle le souhaite.
“Comment puis-je garantir la confidentialité si la loi m’oblige à porter plainte auprès de la police?”
Si la loi vous oblige à signaler la violence à la police, vous devez le dire à la personne. Vous pouvez dire, par exemple, « Ce que vous me dites est confidentiel, ce qui signifie que je ne parlerai à personne d’autre de ce que vous partagez avec moi. La seule exception à cette règle est… » Renseignez-vous sur les spécificités de la loi et sur les conditions dans lesquelles vous êtes tenu de faire une déclaration (par exemple, la loi peut exiger la déclaration d’un viol ou d’une maltraitance d’enfant). Assurez-lui qu’en dehors de cette obligation de signalement, vous n’en parlerez à personne d’autre sans son autorisation. Vous trouverez de plus amples informations sur les aspects juridiques dans les différents pays dans Module 7.
“Et si la victime se met à pleurer?”
Laissez-la pleurer, donnez-lui ce temps. Vous pouvez dire: « Je sais qu’il est difficile d’en parler. Prenez votre temps. »
“Que faire si je soupçonne des violences, mais que la personne ne les reconnaît pas?”
N’essayez pas de forcer la personne à révéler la situation (vos soupçons peuvent être erronés). Vous pouvez toujours prodiguer des soins et proposer une aide supplémentaire.
“Que faire si la personne veut que je parle à son partenaire, à un membre de sa famille ou à celui qui s’occupe d’elle?”
Il n’est pas souhaitable que vous assumiez cette responsabilité. Toutefois, si la victime estime qu’elle peut le faire en toute sécurité et que cela n’aggravera pas la violence, il peut être utile qu’une personne qu’elle respecte lui parle – peut-être un membre de la famille, un ami ou un chef religieux. Avertissez-les que si cela n’est pas fait avec précaution, cela pourrait conduire à une aggravation de la violence.
“Que se passe-t-il si le partenaire, le membre de la famille ou l’aidant est également l’un de mes clients?”
Il est très difficile de continuer à voir les deux personnes lorsqu’il y a de la violence dans la relation. La meilleure pratique consiste à essayer de faire en sorte qu’un collègue puisse voir l’une des deux personnes, tout en veillant à ce que la confidentialité des informations communiquées par la victime soit protégée.
“Que faire si je pense que le partenaire, le membre de la famille ou l’aidant représente une menace pour la vie de la victime? ”
Faites part de vos inquiétudes à la victime en toute honnêteté, expliquez-lui pourquoi vous pensez qu’elle court un risque grave et expliquez-lui que vous souhaitez discuter des options possibles pour la mettre en sécurité. Dans cette situation, il est particulièrement important d’identifier et de proposer des alternatives sûres où la victime peut aller.
Préparez-vous à une telle situation et ayez à portée de main un dépliant contenant les numéros de téléphone respectifs (par exemple, ceux d’un refuge). Veillez à ce que cette liste soit à jour.
Demandez s’il existe une personne de confiance que vous pouvez associer à la discussion et que vous pouvez alerter sur le risque.
“Que faire si je ne peux plus supporter ce que j’entends?”
Vos besoins sont aussi importants que ceux de la victime dont vous vous occupez. Il se peut que vous ayez des réactions ou des émotions fortes en écoutant les victimes ou en parlant de la violence avec elles. C’est particulièrement vrai si vous avez vous-même subi des abus ou des violences – ou si vous en subissez actuellement.
Soyez conscient de vos émotions et profitez-en pour mieux vous comprendre.
Veillez à obtenir l’aide et le soutien dont vous avez besoin pour vous-même. Vous trouverez plus d’informations sur les façons de prendre soin de sa propre santé dans le module 9.
6. Communication visuelle
Les personnes victimes de violence domestique rencontrent souvent des difficultés pour accéder à l’information et aux services d’aide. La communication visuelle joue un rôle crucial dans la sensibilisation à la violence domestique. Il est essentiel d’utiliser des outils tels que des affiches (par exemple, avec des codes QR), des brochures ou des dépliants placés stratégiquement dans les salles d’attente, les toilettes, et autres endroits publiques. Placez des informations sur les services d’aide dans les toilettes (en incluant des avertissements appropriés pour éviter de les ramener chez soi si l’agresseur pourrait les trouver).
Ces aides visuelles servent à indiquer que l’établissement est un espace sûr pour discuter de la violence domestique et rendent les services d’aide facilement accessibles. En créant un environnement visuel qui aborde ouvertement la violence domestique, les personnes sont plus susceptibles de se sentir encouragées à parler et à demander de l’aide. Cette approche proactive contribue à briser le silence autour de la violence domestique et à favoriser une atmosphère de soutien.
À retenir:
Utilisez des visuels diversifiés qui représentent fidèlement les multiples expériences des personnes touchées par la violence (incluant tous les sexes sans stéréotypes).
Si possible, fournissez des informations disponibles en plusieurs langues.
Choisissez des images percutantes qui véhiculent un message positif. Évitez les images nuisibles telles que les représentations de la violence physique (car la violence domestique n’est pas seulement physique), les représentations sexualisées des victimes et des survivants, et les images exclusives à des groupes démographiques spécifiques.
Voici quelques exemples sur différents supports:
Affiches:
Signal international d’appel à l’aide utilisable pour les victimes de VIF:
Cliquez ici pour voir une vidéo démonstrative de ce signal sans laisser de trace numérique
Le signal international d’appel à l’aide est un signe de la main utilisé pour attirer l’attention sur la violence domestique. Il peut être utilisé lorsque la personne ne peut pas parler fort, par exemple parce que l’agresseur est à proximité (dans la voiture, à la maison, etc.).
“Le signal consiste à lever une main, le pouce rentré dans la paume, puis à replier les quatre autres doigts vers le bas, emprisonnant symboliquement le pouce avec le reste des doigts”19
Brochures
Distribuez des brochures d’information sur la sensibilisation à la violence domestique ou sur les services de conseil locaux, en privilégiant ceux à proximité qui proposent des services anonymes en ligne.
Si la distribution de dépliants n’est pas sécurisée, créez des cartes de visite discrètes avec des numéros de téléphone et des adresses de services d’aide.
Autres moyens
Affichez des boutons signalant qu’il s’agit d’un espace sûr pour parler de la violence domestique.
Ashur M. L. (1993). Asking about domestic violence: SAFE questions. JAMA, 269(18), 2367 ↩︎
Ashur M. L. (1993). Asking about domestic violence: SAFE questions. JAMA, 269(18), 2367. ↩︎
Rhodes KV, Frankel RM, Levinthal N, Prenoveau E, Bailey J, Levinson W. “You’re not a victim of domestic violence, are you?” Provider patient communication about domestic violence. Ann Intern Med. 2007 Nov 6;147(9):620-7. doi: 10.7326/0003-4819-147-9-200711060-00006. PMID: 17975184; PMCID: PMC2365713. ↩︎
Thackeray, J., Livingston, N., Ragavan, M. I., Schaechter, J., Sigel, E., COUNCIL ON CHILD ABUSE AND NEGLECT, & COUNCIL ON INJURY, VIOLENCE, AND POISON PREVENTION (2023). Intimate Partner Violence: Role of the Pediatrician. Pediatrics, 152(1), e2023062509. https://doi.org/10.1542/peds.2023-062509 ↩︎